Thèse soutenue

La France et la défense terrestre des États-Unis d'Amérique depuis la Guerre d'Indépendance jusqu'à la Guerre de Sécession (1780-1880)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Patrick-André Salin
Direction : François Pernot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 09/09/2020
Etablissement(s) : CY Cergy Paris Université
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Arts, Humanités, Sciences Sociales (Cergy-Pontoise, Val d'Oise)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AGORA (Cergy-Pontoise)
Jury : Président / Présidente : Marie-Pierre Arrizabalaga
Examinateurs / Examinatrices : François Pernot, Roch Legault, Lauric Henneton, Jean-François Pernot
Rapporteurs / Rapporteuses : Roch Legault, Michèle Virol

Résumé

FR  |  
EN

La relation franco-américaine postindépendance est ambiguë, car les États-Unis renouent avec l’ancienne métropole et adversaire, alors que la France révolutionnaire espère raviver son alliance devenue obsolète avec la jeune république devenue neutraliste. En parallèle, l’évolution du statut de la Louisiane accroît cette complexité de par le rôle que la France semble vouloir jouer de nouveau en Amérique du nord. Les deux nations se font face dans une quasi-guerre, Bonaparte dénoue l’imbroglio avec l’idée de se placer sur l’échiquier Antilles-Louisiane-Mississippi. La révolte d’Haïti neutralise ses plans, il favorise les États-Unis en leur cédant la Louisiane.Derrière ce jeu diplomatique, des officiers français exilés aux Antilles et aux États-Unis vont et viennent au gré des majorités à Paris. Par leur présence à l’étranger, ils entretiennent une tradition débutée au XVIIe siècle de mobilité internationale des ingénieurs en raison de l’excellente réputation de l’École française de fortification et du prestige des émules de Vauban et de Montalembert. Les stratèges américains s’inquiètent des tensions à leur frontière nord avec le Canada britannique et sur la côte atlantique avec la British Navy. Ils craignent l’hostilité britannique envers l’ancienne colonie. L’Exécutif américain renforce la défense du pays et fait appel à des ingénieurs français résidents pour les Premier et Second systèmes de fortification côtière. La guerre anglo-américaine de 1812-1815 est un match nul, mais l’Exécutif américain mesure la menace, il veut mettre en place un système permanent de fortification des côtes et se doter d’une armée digne de ce nom.Impressionné par la déferlante militaire révolutionnaire et impériale, l’Exécutif américain invite un général français en demi-solde, Simon Bernard, diplômé de l’École Polytechnique et auréolé d’une brillante carrière dans l’ombre de l’Empereur. Le Troisième système de fortification côtière est mis en place sous sa responsabilité directe. De 1817 à 1831, il conçoit et supervise la construction de dizaines de fortifications sur la côte du Golfe du Mexique et sur la côte Atlantique. Il supervise également l’aménagement de plusieurs canaux et axes routiers stratégiques reliant la capitale Washington aux nouveaux territoires inclus dans l’acquisition de la Louisiane. Ainsi, quand bien même la France est partie depuis 1763, on voit sortir de terre étatsunienne des fortifications de conception française, du Vauban et du Montalembert dans la lettre et l’esprit. Bernard rentré en France, ses collègues américains poursuivent le travail. Un deuil militaire américain de 30 jours est décrété à son décès.L’influence française concerne également la formation des officiers à l’Académie militaire de West Point pressentie et lancée de manière embryonnaire par deux officiers français, Étienne de Rochefontaire et Louis de Tousard, puis fondée officiellement en 1802. Ses programmes sont extrapolés de ceux de l’École Polytechnique de Paris et restent calqués sur ceux des écoles françaises d’ingénieurs pendant le demi-siècle à venir. Les deux conflits qui suivent la guerre de 1812-1815, Mexique et Sécession, vérifient au feu et sur le terrain l’efficacité de l’enseignement dispensé aux cadets, ainsi que la qualité des fortifications érigées au cours des décennies passées. L’inauguration de la Statue de la Liberté en 1886 célèbre un siècle de coopération et d’amitié franco-américaine. La défaite de Sedan entame ce prestige, mais l’influence française garde une certaine aura jusqu’au milieu du XXe siècle et au-delà.On peut affirmer en conclusion que l’influence française a joué un rôle primordial dans l’accession des États-Unis au statut de grande puissance militaire et industrielle. Cette influence perdure jusqu’à nos jours par le biais des conflits asymétriques et des méthodes françaises de contre-insurrection dont l’État-Major américain s’inspire directement.