Thèse de doctorat en Histoire et sémiologie du texte et de l’image
Sous la direction de Nathalie Piégay.
Soutenue le 29-11-2019
à l'Université de Paris (2019-....) , dans le cadre de École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone, anglophone et d'Asie orientale) (Paris ; 1992-....) , en partenariat avec Centre d'étude et de recherche interdisciplinaire de l'UFR LAC (Paris) (équipe de recherche) .
Le président du jury était Évelyne Grossman.
Le jury était composé de Nathalie Piégay, Évelyne Grossman, Marie-Hélène Boblet, Alain Schaffner.
Les rapporteurs étaient Marie-Hélène Boblet, Alain Schaffner.
Marguerite Duras a suscité un tel intérêt universitaire ces dernières années qu’il peut paraître peu original de proposer un énième travail sur ses romans. Et pourtant, il semble qu’un thème important de son œuvre soit peu abordé : la cuisine et plus particulièrement la faim qui représente un manque.Marguerite Duras adorait cuisiner, sa maison devait toujours renfermer un ensemble d’ingrédients notés sur une liste. Toujours prête à accueillir des hôtes, elle comparait la cuisine à un acte d’écriture : choisir ses sujets comme ses ingrédients et savoir s’isoler pour concocter le repas idéal pour ses lecteurs. La cuisine, comme l’écriture, est avant tout une affaire de solitude avant de devenir une invitation au voyage et au partage. Marguerite Duras a assurément pensé sa littérature comme un moment propice à la convivialité.Si les scènes de repas sont omniprésentes dans les romans de Duras, elles permettent surtout une approche anthropologique. Dévorer les récits durassiens est une façon d’en apprendre plus sur l’évolution du corps féminin et le statut social des femmes durant un demi-siècle, de 1943 à 1993 (de son premier à son dernier roman). D’un point de vue littéraire, c’est une manière de découvrir une œuvre sans fin, puisque la fin d’un roman annonce immédiatement le début du suivant, proposant une structure narrative fondée sur l’hospitalité et la convivialité, invitant le lecteur à prendre place à ce voyage littéraire qui modifie le sens de la lecture habituelle. Étudier l’imaginaire de la faim c’est avant tout découvrir une écriture du partage, celle de la transmission par l’assimilation d’un phrasé qui tend à la crudité, révélant une sobriété, une maigreur du mot qui va désormais à l’essentiel : faire simple afin de toucher plus de gens.La faim est une façon d’aborder le fondement de l’écriture romanesque de Marguerite Duras, celui qui ne modifie pas le sens des mots mais qui modifie le sens des choses en réponse aux attentes du lecteur.
The fantasy of hunger in Marguerite Duras' novels
Marguerite Duras has generated such an academic interest over the past few years that it may seem unoriginal to offer yet another work about her novels. However, it appears that one important theme of her work is not addressed much: the cooking and more precisely the hunger which indicates a void.Marguerite Duras loved to cook, her house had to have all the ingredients noted on a list. Always ready to host, she used to compare cooking to a writing act : choosing her topics like her ingredients and isolating herself to concoct the perfect meal for her readers. Cooking, like writing, is first and foremost a solitude affair, before being an invitation to travel and share. Marguerite Duras has definitely thought of her literature as a moment of conviviality.If meal time scenes are omnipresent in Duras’ novels, they mainly allow an anthropologic approach. Reading up Duras’s stories is a way of learning more about the evolution of the female body and the women social status of the half century spanning from 1943 to 1993 (from her first to her last novel). From a literary point of view, it is a way to discover an endless work, as the end of one novel reveals the beginning of the next, offering a narrative structure based on hospitality and conviviality, inviting the reader to take place in this literary travel that changes the usual reading way. Studying the fantasy of hunger is first of all discovering a writing of sharing, one of transmission by assimilation of a blunt phrasing, showing a simplicity and restraint of the word that goes straight to the point : make it simple in order to reach more people.Hunger is a way to address the foundation of Marguerite Duras’s fictional writing, the one that doesn’t change the meaning of the words but of the matter, in order to fulfil the readers’ expectations.
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