Thèse soutenue

Inflammation et paraostéoarthropathies neurogènes

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Auteur / Autrice : Marjorie Salga
Direction : François Genêt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie, physiopathologie
Date : Soutenance le 22/11/2019
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Innovation thérapeutique : du fondamental à l'appliqué (Châtenay-Malabry, Hauts-de-Seine ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Handicap neuromusculaire : physiopathologie, biothérapie et pharmacologie appliquées (Versailles ; 2015-....) - Handicap neuromusculaire : Physiopathologie- Biothérapie et Pharmacologies appliquées / END-ICAP
établissement opérateur d'inscription : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Djamel Bensmail
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Claude Crémieux, Martine Cohen-Solal Temstet, Éric Lapeyre, Marie-Caroline Le Bousse-Kerdiles, Bertrand Coulet
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Claude Crémieux, Martine Cohen-Solal Temstet

Résumé

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Les ossifications hétérotopiques (OH) sont des formations osseuses bénignes anormalement situées dans les tissus mous du corps humain. Les OH peuvent être d’origine génétique, acquise et idiopathique. Elles sont appelées paraostéoarthropathies neurogènes (POAN) lorsqu’elles se développent après une lésion du système nerveux central. Cette thèse a pour objectif de préciser les facteurs inflammatoires locaux et systémiques, impliqués dans la survenue de POAN. Nous avons tout d’abord étudié l’effet de l’injection de composants de paroi membranaire bactérienne dans un modèle de souris développant des ossifications hétérotopiques neurogènes (OHN) après section médullaire et injection intramusculaire d’un myotoxique chimique. L’injection locale intramusculaire comme systémique d’un composant de paroi d’Escherichia Coli ou de Staphylococcus Aureus a permis d’augmenter de façon significative le volume des OHN. A l’issu de ces expériences, il semble que le niveau d’inflammation intramusculaire influence de façon importante le volume des OHN, selon un effet-dose. La provenance des agents de paroi bactérienne fait supposer que l’inflammation pourrait être spécifiquement induite par des pathogènes infectieux. Il semblerait qu’il existe un niveau inflammatoire seuil à partir duquel, la section médullaire ne soit plus obligatoire à la survenue d’OH. Toujours dans le même modèle murin, nous avons montré que le blocage de la jonction neuro-musculaire par une injection de toxine botulique augmente le volume des OHN. La jonction neuro-musculaire semble réguler le développement de OHN dans un muscle pathologique chez la sourie avec section médullaire. Il est possible que cette régulation s’effectue via un mécanisme de neuro-inflammation locale. Suite à ces découvertes en recherche fondamentale, nous avons mené une étude cas-témoins recherchant des facteurs pourvoyeurs d’inflammation à la phase très précoce suivant l’accident neurologique, qui pourraient être corrélés à l’apparition de POAN. Cette étude a été la première à montrer que les patients avec POAN présentent de façon plus importante des infections à Pseudomonas Aeruginosa. La présence de traumatismes associés et de chirurgies était corrélée à la survenue de POAN, tout comme la longueur de la ventilation mécanique, du coma, du séjour en réanimation et la présence d’une trachéotomie. En revanche, aucun critère neurologique n’était associé à une augmentation du risque de POAN. A gravité neurologique égale, il semble donc que les patients développant des POAN présentent un niveau d’inflammation plus élevé (infections, polytraumatisme, chirurgies multiples, réanimation) que les patients sans POAN. Comme pour d’autres pathologies articulaires avec une composante inflammatoire, nous avons infiltrer des dérivés cortisonés localement, dans le but de traiter les douleurs induites par certaines POAN. Un mois après l’injection, 80% des patients présentaient un soulagement des douleurs. Ce traitement local parait être une alternative intéressante à la prise en charge antalgique des POAN douloureux.Les POAN sont toujours, à l’heure actuelle, diagnostiqués et prises en charge tardivement lors de l’apparition de complications. L’enjeu actuel est d’identifier les patients à risque de développer des POAN, le plus tôt possible après leur accident neurologique de façon à leur assurer un suivi et une prise en charge adaptée et précoce. En se basant sur les études cliniques et les données issues du modèle murin développant des POAN, nous allons relever des critères cliniques et biologiques reconnus comme étant corrélés à l’apparition de POAN dans une base de données clinico-biologique. Ce tout premier travail prospectif sur les POAN permettra de repérer les patients à risque de développer des POAN et peut être à terme d’identifier des cibles thérapeutiques qui permettrons de prévenir ou de guérir les POAN.