Thèse soutenue

Les Inughuit, chasseurs de narvals. Évolution et adaptations des savoirs et savoir-faire dans un environnement en changement

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Auteur / Autrice : Christiane Drieux
Direction : Charles Stépanoff
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance le 13/06/2019
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Laboratoire : Laboratoire d'anthropologie sociale (Paris ; 1960-...)
Jury : Président / Présidente : Frédéric Laugrand
Examinateurs / Examinatrices : Charles Stépanoff, Frédéric Laugrand, Gaëlle Lacaze, Odile Journet, Claire Alix, Joëlle Robert-Lamblin
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Laugrand, Gaëlle Lacaze

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette thèse présente, sous la forme d’une monographie s’appuyant sur plusieurs enquêtes de terrain, les savoirs et savoir-faire des Inughuit, chasseurs de narvals, au nord-ouest du Groenland. À travers une abondante iconographie et par la mise en perspective des pratiques du début du XXe siècle et celles des chasseurs actuels, elle met en lumière la façon dont les Inughuit conjuguent résilience et créativité. Les chasseurs de narvals privilégient des équipements et des kayaks dont la conception, par les capacités et les savoirs qu’elle exige, les relie à leurs ancêtres. En perpétuant la chasse au narval en kayak, ils conjuguent dextérité du geste, virtuosité du corps, attention de l’esprit à l’environnement et aux animaux, avec tradition communautaire. Alors que l’ouverture à la modernité leur donne accès aux véhicules motorisés, les chasseurs pour se rendre sur les lieux de chasse au printemps, chargent leurs kayaks sur des traineaux à chiens. Cette thèse analyse leurs choix et montre la place particulière que les chasseurs accordent au dialogue interspécifique avec les animaux qu’ils considèrent comme doués d’intentionnalité et dotés d’intelligence. Parallèlement cette étude examine l’impact, sur les pratiques traditionnelles, de nouvelles règlementations visant à protéger les narvals dans ce qui leur est une zone de reproduction. Des nécessités économiques et des changements environnementaux imputables au dérèglement climatique, contraignent les chasseurs à se tourner vers d’autres sources de revenus, à s’adapter à d’autres règles inspirées par l’ouverture vers une société de marché et induisent un autre rapport à l’environnement. Ainsi, les chasseurs ont créé une coopérative qui commercialise le mattaaq des narvals qu’ils ont harponnés pendant la saison estivale et les flétans dont ils ont développé la pêche pendant la période de banquise. L’étude menée dans les quatre villages de la région, remarque l’influence de cette évolution sur l’appropriation et la redistribution du gibier capturé, dans une communauté régulée par l’entraide et le partage. Tandis que les Inughuit, dans une démarche alliant créativité et résilience, ouvrent leur monde à la globalisation, la chasse au narval, en étant profondément ancrée dans des relations ancestrales avec l’environnement et les animaux, continue à procurer à la communauté non seulement un accès à la viande et au mattaaq mais aussi un lien avec son passé, une cohésion autour de son héritage culturel, et constitue une pratique spécifique identitaire, porteuse de normes régulatrices.