Thèse soutenue

La liberté tragique de la périphérie intérieure. Comment se particularise l’universalisme soviétique dans huit pays socialistes RPS d’Albanie, RP de Bulgarie, RP de Pologne, RD Allemande, RS de Roumanie, RP de Hongrie, RS Tchécoslovaque, RFS de Yougoslavie (1945 - 1989)

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Auteur / Autrice : George Stanishev
Direction : Dominique RouillardKonstantine Boyadzhiev
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture
Date : Soutenance le 10/12/2019
Etablissement(s) : Paris Est en cotutelle avec Université d'Architecture, Génie Civil et Géodésie, Sofia
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire infrastructure architecture territoire
Jury : Président / Présidente : Carmen Popescu
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Rouillard, Konstantine Boyadzhiev, Guilherme Lassance, Iskra Hristova Dandolova, Paul Landauer
Rapporteurs / Rapporteuses : Guilherme Lassance, Iskra Hristova Dandolova

Résumé

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Soulevant le Rideau de fer qui a caractérisé la grande division de toute la seconde moitie du XXe siècle, nous portons notre attention sur l’espace géographique et culturel des huit pays socialistes – que nous appellerons par l’oxymore de la « périphérie intérieure », – situés au centre topologique de la Guerre froide, entre l’URSS et le monde occidental, et historiquement appartenant aux deux systèmes idéologiques concurrents. Les processus culturels qui s’y développent font voir la lutte interne entre plusieurs vecteurs conceptuels qui informent à la fois le destin du modèle soviétique universel et de sa stratégie de généralisation, les visées des nationalismes particuliers et de leurs expressions conservatrices, et de l’idéalisation du singulier, comme une valeur d’émancipation. En observant les conflits entre l’universel et le particulier, et entre le général et le singulier, notre thèse cherche à dévoiler d’abord deux phénomènes discursifs : l’incorporation du particulier national au cœur de la modernisation communiste et la neutralisation du projet national particulier au sein du paradigme général du modernisme mondial. En d’autres termes, nous pourrions dire qu’au travers de ces deux hypothèses pourrait être enregistrée la confusion de deux programmes idéologiques – celui du projet universaliste du communisme et celui du projet particulariste du nationalisme. De cette lutte entre le particulier et l’universel émerge une troisième hypothèse : la recherche du singulier au sein du projet universel et son apparition sous la forme d’une utopie émancipatrice alternative.Notre recherche permet de montrer en fin de compte que la « périphérie intérieure » est porteuse de sa propre utopie – le projet illusoire qu’elle pourrait devenir à son tour un centre –, mais aussi par ce biais, du programme menant à sa propre désintégration. Aveuglé par son Œdipe géopolitique, elle est prête à tout compromis dans sa recherche de reconnaissance comme sujet sur la carte du monde. De cette manière, le culte de la spécificité locale des années 1970 et 1980, annihilant l’homogénéité culturelle communiste et son projet moderniste, suspend en pratique toute possibilité de langage esthétique universel de l’architecture socialiste.La spécificité du communisme soviétique entre ainsi dans le début de sa décadence dès le lendemain de la Deuxième guerre mondiale, faisant voir toute la période étudiée comme une succession d’efforts de légitimation politique des régimes nationaux. Paradoxalement, passant du général imposé de la période stalinienne, au travers du problème de l’indistinction du modernisme socialiste poststalinien et à la liberté limitée du particulier national, la « périphérie intérieure » perd la raison de sa propre existence singulière et devient de nouveau une périphérie faible dans le contexte du libéralisme mondial postcommuniste.