Thèse soutenue

"Aux États-Unis de France et d'Irlande" : circulations révolutionnaires entre France et Irlande à l'époque de la République atlantique

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Auteur / Autrice : Mathieu Ferradou
Direction : Pierre Serna
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 26/11/2019
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Institut d'histoire moderne et contemporaine (Paris ; 1978-....)
Laboratoire : Institut d'histoire moderne et contemporaine (Paris ; 1978-....)
Jury : Président / Présidente : Clément Thibaud
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Serna, Thomas Bartlett
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Bourdin, Céline Borello

Résumé

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Avec l’entrée en république de la France à l’été 1792, soudainement le potentiel révolutionnaire initié par le bouleversement de 1789 se déploie pour l’Irlande. Dans un contexte d’agitation populaire menée par les Irlandais Unis et les Defenders en Irlande, les exilés irlandais à Paris entrent, eux aussi, en république, d’abord à l’échelle micro-locale lors de la « République au Collège », prise de contrôle éphémère par les étudiants du Collège irlandais de Paris, puis à travers le « festin patriotique », un rassemblement festif de toute la galaxie révolutionnaire atlantique, et particulièrement des « citoyens » des Trois Royaumes. Ces deux événements initient un processus d’engagement personnel de chacun des protagonistes et une dynamique révolutionnaire transnationale à travers le projet d’avènement de la « République des États-Unis d’Irlande et de France », elle-même inscrite dans la perspective plus large de la « République atlantique ». Cet engagement et cette dynamique se déploient d’abord dans le cadre des activités à la fois publiques et couvertes de la société des Anglais, Ecossais et Irlandais de Paris ou Société des Amis des Droits de l’Homme (SADH). Elles contribuent, par le rapprochement entre la France et la SADH, à déclencher la guerre entre l’Angleterre et la France. La dialectique entre dynamique républicaine et contre-républicaine dans le cadre des French Wars conduit les protagonistes de la Républiques des États-Unis de France et d’Irlande à poursuivre et approfondir leur projet, dans une remarquable continuité entre 1792 et 1798. Tout en reconfigurant ses modalités, en variant les répertoires de l’action révolutionnaire en fonction des évolutions du contexte politique et géopolitique, ce projet républicain transnational atteint son apogée avec les expéditions franco-irlandaises de 1796 et 1798. En suivant les parcours de vingt-huit Irlandais patriotes et républicains, en reconstituant leurs réseaux de sociabilité et de circulations, il s’agit d’interroger les raisons et les modalités de l’engagement, dans une perspective d’histoire sociale des idées politiques, c’est-à-dire en étudiant le passage des mots à la pratique, en fonction des circonstances et du cadre social. Dans la dialectique entre Révolution et Contre-Révolution, cet engagement aboutit à un processus de « radicalisation ». Ce faisant, cette thèse interroge l’historiographie existante sur la décennie 1790 en Irlande en cherchant à la replacer dans un contexte de synergies révolutionnaires et en explorant le concept de République atlantique, proposant un regard neuf sur le processus de politisation populaire en Irlande.