Thèse soutenue

Les talus comme puits de carbone : une étude sur les voies et mécanismes de séquestration du carbone dans le sol superficiel et le sous-sol exposé

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Auteur / Autrice : Lorenzo Matteo Walter Rossi
Direction : Alexia StokesGiacomo Russo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie fonctionnelle
Date : Soutenance le 09/12/2019
Etablissement(s) : Montpellier en cotutelle avec Università degli studi di Cassino e del Lazio meridionale (Cassino, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire AMAP - Laboratoire de modélisation mathématique et d'architecture des plantes (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Sandra Luque
Examinateurs / Examinatrices : Alexia Stokes, Giacomo Russo, Sandra Luque, Catherine Picon-Cochard, Isabelle Basile-Doelsch, Wilma Polini, Mark Bakker, Paul Hallett
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Picon-Cochard, Isabelle Basile-Doelsch

Résumé

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La séquestration du carbone (C) fait l'objet d'une attention scientifique et politique croissante dans le cadre de la réduction des gaz à effet de serre. Les sols géotechniques ont été négligés en raison de leur potentiel de séquestration du carbone, et l'attention étant concentrée sur les sols agricoles et naturels. Nous visons à évaluer le potentiel des talus géotechniques comme puits de carbone et, par l'étude des espèces végétales et des sols présentant des caractéristiques contrastées, à mettre en lumière les mécanismes de séquestration du carbone organique et les rôles des différents acteurs impliqués. Nous visons non seulement à quantifier le C gagné et perdu dans le sol, mais aussi son origine (nouveau C frais et ancien C préexistant) et comment il est réparti dans différents pools de C qui montrent une stabilité du C différente (qualité du C stocké). Tout d'abord, nous avons évalué la séquestration du carbone dans différents pools de carbone sous un sol semé de 12 espèces herbacées différentes sur une période de 10 mois. La caractérisation des différents traits de racine a permis de comprendre l'influence de la stratégie d'alimentation des ressources en racines (représentée par le spectre économique de la racine) sur la séquestration du carbone. Nous avons montré que les espèces dont les caractéristiques racinaires sont associées à une production élevée de C labile entraînent une augmentation plus élevée de C dans le pool stable de SILT+CLAY (<20µm). Les espèces dont les traits de racine sont associés à un faible apport de C récalcitrant favorisent plutôt l'accumulation dans la fraction POM instable. Ensuite, grâce à une expérience de marquage isotopique stable de 183 jours (CO2 constamment enrichi en 13C), nous avons pu étudier la dynamique du C dans différents pools de C sous deux espèces (L. perenne et M. sativa) sur deux sols (terre végétale, profondeur 0-30 cm et sol remonté, profondeur 110-140 cm) aux caractéristiques opposées. Nous avons mis en évidence le grand intérêt de faire le pont entre l'origine du C et les pools de C lors de l'étude des destins du C du sol, ce qui permet de dévoiler des processus que les méthodes plus traditionnelles cachent. Le nouveau C et l'ancien C présentaient une covariation synergique, avec des pertes plus faibles de l'ancien C associées à de nouvelles entrées de C plus élevées. Ceci est conforme à l'hypothèse de l'utilisation préférentielle du substrat. Cette hypothèse a également été validée par l'étude de l’effet d’amorçage et de la respiration du sol. Celle-ci a montré que la teneur en CO2 inhalé était plus élevée lorsque les entrée C de la plante étaient élevées, tout en augmentant la minéralisation de l’ancien C lorsque les entrées de C de la plante étaient faibles, c’est-à-dire dans le sous-sol. De plus, nous avons validé l'hypothèse de réconciliation entre 'l'hypothèse de l'Utilisation Préférentielle des Substrats' et 'l'hypothèse de la Concurrence', cette dernière déterminant le 'priming effect' dans le sous-sol à faible fertilité. Nous avons observé de nouveaux apports significatifs de C d'origine végétale dans la fraction SILT+CLAY (<20µm, très stable) à l'appui de la preuve de l'effet d'ensevelissement in vivo dans l'hypothèse de la pompe à carbone microbienne du sol. L'effet de l'espèce s'est produit principalement sur les entrées de nouveaux C, mais il a été maîtrisé par l'effet du sol, avec un stockage de C plus faible dans un sol de faible qualité (faible activité et biomasse d'azote et microbienne). Les conditions microbiologiques ont été le principal moteur de la nouvelle accumulation de C et de l'ancienne perte de C et ont aidé à expliquer pourquoi aucun effet de la saturation en C du sol - une théorie centrale dans des études récentes sur la séquestration de C - n'a été trouvé dans le carbone protégé. Cette compréhension fondamentale des interactions plantes-sol nous aide à mieux optimiser la gestion des sols et de la végétation des talus des routes.