Thèse soutenue

Impulsivité et distractibilité chez des adultes TDAH : évaluation, potentiels évoqués et remédiation.

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Auteur / Autrice : Agathe Marcastel
Direction : Nathalie BedoinFrançois Pellegrino
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences cognitives Neuroscience cognitive
Date : Soutenance le 09/04/2019
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire Dynamique Du Langage (1994-...)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Dynamique Du Langage / DDL
Jury : Président / Présidente : Jérôme Clerc
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Kahane, Anne Bonnefond

Résumé

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Une capacité amoindrie à inhiber des réponses automatisées empêche parfois de restreindre l’acte moteur et peut entraîner des erreurs graves. L’impulsivité est un déficit du contrôle du processus d’inhibition de réponse (IR). Elle est quantifiée en neuropsychologie par un taux élevé de fausses alarmes aux tests de Go/Nogo, paradigme sensible au déficit d’IR dans des pathologies comme le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité (TDAH). Toutefois, les cliniciens questionnent la validité des tests parfois trop faciles lorsque les patients sont adultes et qu’ils compensent leurs difficultés par d’importants efforts. Les Expériences 1 et 2 avaient pour objectif d’affiner le diagnostic d’un déficit d’IR dans des tâches faciles ou difficiles, en modalités auditive et visuelle. Nous avons montré qu’il est particulièrement difficile pour les patients TDAH de contrôler l’IR, et tout particulièrement dans des tâches auditives. La symptomatologie du TDAH s’illustre aussi par une forte inattention. L’Expérience 3, testant le contrôle de l’interférence par des distracteurs sonores dans une tâche visuelle difficile, n’a pas permis de révéler d’effets spécifiques des distracteurs chez les patients (sans doute en raison du niveau de difficulté déjà très élevé). L’Expérience 4 a montré qu’il est en revanche possible de mesurer la vigilance d’adultes TDAH en proposant une tâche en modalité auditive. L’évaluation des qualités diagnostiques des Expériences 1, 2 et 4 au moyen de courbes ROC encourageait à les normaliser pour fournir des tests complémentaires aux cliniciens, pour préciser la nature des difficultés d’IR du patient et orienter les recommandations et prises en charge.Pour aborder les particularités qualitatives de l’IR réalisée par les adultes TDAH, les potentiels évoqués (ERP) des patients TDAH et leurs contrôles ont été enregistrés dans une tâche auditive de Go/Nogo (Expérience 5). Enregistrer les modulations de la N2 dans des tâches de Go/Nogo auditives est considéré comme difficile, mais l’Expérience 5 a montré que des précautions méthodologiques le permettent. Les résultats ont révélé chez les adultes TDAH, en condition Nogo, une N2 trop petite et topographiquement atypique car trop faible sur les électrodes antérieures et trop ample et précoce en position pariétale, sans doute sous l’effet d’une tentative de compensation du déficit d’un réseau de contrôle antérieur. Leur P3 en condition Nogo était quant à elle anormalement précoce et ample en positions frontale et centrale. Ces anomalies ont été interprétées dans le cadre de modèles décrivant un mode d’IR proactif (en amont des commandes motrices, top-down, reflétée par l’onde N2 en condition Nogo) ici peu présent chez les adultes TDAH, et un mode réactif (interruption tardive des commandes motrices déjà très engagées, guidée de façon bottom-up et reflétée par l’augmentation de la P3) dominant chez ces patients. L’expérience a mis à jour des déficits d’IR subtiles, mal détectés par les données comportementales. L’analyse de l’onde P2 a enfin montré une profondeur d’analyse perceptive insuffisante des cibles sonores (items Go) chez les adultes TDAH, mais aussi leur capacité à réaliser un filtrage précoce (sensory-gating). Enfin, un entraînement cognitif informatisé a été élaboré pour exercer l’IR et inciter à mobiliser plusieurs modes de réalisation de ce processus. En raison de leurs difficultés d’organisation, peu de patients ont fini les deux parties du programme, mais une étude de cas a détaillé les progrès d’une patiente (AD) dont le contrôle de l’impulsivité et de la distractibilité a progressé après l’entraînement attentionnel. Bien que le protocole de validation du programme soit trop lourd, les effets encouragent à utiliser ce programme pour pallier le manque d’outils de remédiation spécifiques aux adultes TDAH.