Thèse soutenue

Les édifices commerciaux du front de mer à Délos à l'époque hellénistique : étude architecturale du Magasin des colonnes et du Magasin δ (delta) "à la baignoire"

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Auteur / Autrice : Jean-Jacques Malmary
Direction : Jean-Charles Moretti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire / Archéologie
Date : Soutenance le 12/01/2019
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Institut de recherche sur l'architecture antique (France)
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)

Résumé

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Cette thèse a pour objet l’étude architecturale des vestiges de deux édifices du front de mer occidental à Délos, le Magasin des colonnes et le Magasin δ, dit « à la baignoire », qui ont tous deux été découverts au cours des fouilles menées par A. Jardé et H. Convert en 1903 et 1904. Ils sont situés dans une bande de constructions longeant le rivage, entre l’Agora des Compétaliastes au nord et le sanctuaire des Dioscures au sud. Proches du rivage et pourvus de nombreuses pièces de grandes dimensions, ils ont été identifiés par les premiers chercheurs, A. Jardé puis J. Pâris, à des magasins en lien avec l’essor du grand commerce maritime à Délos au cours de la seconde domination athénienne.La présente étude a consisté à poursuivre le travail d’A. Jardé de sorte à mieux restituer la configuration de ces monuments, à mieux définir leurs spécificités architecturales et à mieux en cerner leurs usages. Elle a d’abord consisté à observer les vestiges des deux bâtiments sans préjuger de leur destination. Elle a ainsi débuté par une analyse approfondie des matériaux ayant servi à leur construction et de leurs composantes architecturales : les murs, les baies, les revêtements muraux, les colonnades, les cloisons, les planchers, les escaliers, les sols et les couvertures. Cette première partie de la thèse, qui a permis d’explorer plusieurs pistes relatives aux techniques de construction, a essentiellement eu pour finalité d’élaborer des outils d’analyse destinés à servir l’étude générale de l’architecture des deux magasins, celle de leur composition et celle de leur situation dans le tissu urbain de Délos, qui ont toutes trois été réunies dans la deuxième partie. Dans la troisième partie, l’étude du fonctionnement et de la destination des deux édifices a nécessité une extension du champ d’investigation, en incluant des bâtiments dont les éléments du mobilier et la situation urbaine sont analogues à ceux du Magasin des colonnes et du Magasin δ : les Magasins α, β et γ. Les cinq édifices ont d’abord pu être réunis grâce à la découverte dans chacun d’eux d’un grand sèkôma à mesure unique. La présence de cet instrument de mesure a permis de mieux justifier le rôle que ces édifices ont joué dans le grand commerce à Délos au tournant des IIe et Ier s. av. J.-C. et de supposer qu’ils ont tous eu la même destination. Une fois associés, ils ont fait l’objet d’une comparaison morphologique. À quelques variations près, ils sont constitués de types d’espaces similaires organisés de la même manière : une entrée principale, ouverte sur le rivage et alignée sur l’axe d’une cour centrale, un rang de pièces de façade longeant le rivage, dans lequel s’insèrent des cages d’escalier reliant la voie du front de mer avec l’étage, et un ensemble de pièces dans le cœur d’îlot distribuées autour de la cour et équipées de fenêtres. De fait, ces bâtiments ont pu être différenciés des autres types de bâtiment présents à Délos, les maisons déliennes notamment. Une relation a ainsi pu être établie entre la destination probable des cinq édifices – stockage de marchandises et commerce au rez-de-chaussée et hébergement à l’étage – et leur forme architecturale. Cette relation a permis de définir un type particulier d’édifice ayant abrité des activités liées au stockage des marchandises, à leur inventaire, à leur mesure – poids et/ou volume – et à leur commerce ainsi que des pratiques d’ordre domestique telles l’hébergement des marchands itinérants. Dans son acception moderne, le terme « magasin » proposé par A. Jardé s’avère encore être le plus approprié pour désigner de tels édifices mêlant les fonctions d’entrepôt à celles des lieux de commerce. Ce type d’édifice, dont plusieurs indices révèlent le statut locatif, semble en outre être étroitement lié à la profession d’entrepositaire mentionnée dans les inscriptions de Délos.