Jouer avec l'espace : forage et pouvoirs, une géopolitique locale au nord Sénégal
Auteur / Autrice : | Margaux Mauclaire |
Direction : | Bernard Calas, Chantal Crenn |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie humaine |
Date : | Soutenance le 16/12/2019 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Les Afriques dans le monde (Pessac, Gironde ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Alphonse Yapi-Diahou |
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Calas, Pierre Blanc, Bernard Charlery de La Masselière, Sylvain Racaud, Myriam Saadé | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Blanc, Bernard Charlery de La Masselière |
Mots clés
Résumé
La commune de Téssékéré, située au nord du Sénégal et en milieu sahélien, se caractérise par une activité socio-économique majoritaire : le pastoralisme semi-nomade. Pratiqué depuis longtemps dans cette zone, le milieu du XXème siècle marque toutefois un tournant dans l’histoire de l’élevage. En effet, les années 1950 font l’objet d’une vaste campagne d’aménagements de forages atteignant l’eau des nappes phréatiques. Si les objectifs officiels des politiques publiques coloniales d’aménagement répondaient à des besoins croissants en eau, l’ambition sous-jacente visait à sédentariser une population encore mobile et difficilement imposable. Par la suite, la pression anthropique et bovine progressives, mais aussi les épisodes de sécheresses à partir des années 1970, ont entraîné une dégradation écologique du milieu. Qualifié dès lors de sensible, le Sahel sénégalais fut investi par plusieurs projets de développement, qui avaient pour but de lutter contre cette dégradation et l'appauvrissement de la population qui s’ensuit. Ainsi, l’introduction des forages et des projets de développement, compris comme des objets « exogènes », ont largement participé à la modification des pratiques socio-économiques et plus largement des modes d’habiter. En résulte une complexification de la configuration du territoire, devenu opaque pour les acteurs exogènes (agence de l’État, ONG). Aujourd’hui, les projets de développement local, toujours aussi nombreux, font l’objet d’un détournement à des fins personnelles par des élus locaux mettant à profit cette opacité. En réaction, les habitants, exclus des réseaux partisans, se convertissent en leaders territoriaux pour pallier la monopolisation du pouvoir par leurs élus. Ainsi, sans une connaissance approfondie des jeux de pouvoirs internes, on ne peut comprendre la localisation actuelle des équipements publics et les injustices spatiales qui en découlent. Ce travail de thèse conduit ici le lecteur dans un décryptage des réseaux de pouvoir qui construisent le territoire à Téssékéré.