Thèse soutenue

Influence des stéréotypes sexués et des stéréotypes liés à l’âge sur la performance d’endurance non-technique : un effet positif de l’induction d’un stéréotype négatif ?

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Auteur / Autrice : Maxime Deshayes
Direction : Raphaël ZoryCorentin Clément-Guillotin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du mouvement humain
Date : Soutenance le 09/12/2019
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Sciences du Mouvement Humain (Marseille)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Nice (1965-2019)
Laboratoire : Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS) (Nice, Alpes-Maritimes ; Marseille, Bouches-du-Rhône ; Toulon, Var) - Laboratoire Motricité Humaine Expertise Sport Santé
Jury : Président / Présidente : Stéphane Perrey
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Perrey, Isabelle Régner, Marc Jubeau, Aïna Chalabaev
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Régner, Marc Jubeau

Résumé

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La théorie de la menace du stéréotype (Steele, 1997) suggère que lorsqu’un stéréotype négatif à l’encontre d’un groupe social est induit, dans un contexte où ce stéréotype est susceptible de s’appliquer, une baisse de la performance du groupe menacé serait observée. Après avoir été répliqué dans de nombreux domaines comme le domaine cognitif, cet effet négatif sur la performance a été généralisé au domaine physique et sportif. La majorité des études ont investigué cet effet au travers de tâches techniques comme des tâches de dribbles en football par exemple (pour une méta-analyse, voir Gentile, Boca, & Giammusso, 2018). Bien que les capacités techniques représentent des facteurs majeurs de la performance physique, d’autres facteurs régulent également cette dernière, comme les capacités physiques avec en leur centre l’endurance (voir le modèle de Weineck, 1983). L’objectif de ce travail doctoral est d’examiner l’influence de l’induction de stéréotypes sexués et de stéréotypes liés à l’âge sur la performance d’endurance non-technique des femmes et des seniors. Le modèle des processus intégrés (Schmader, Johns, & Forbes, 2008), très largement utilisé dans la littérature, explique les modifications de performance à la suite de l’induction d’un stéréotype négatif lors de tâches techniques. Toutefois, ce modèle n’apporte aucune hypothèse quant à son effet lors de tâches non-techniques. En revanche, le modèle du simple effort (Jamieson & Harkins, 2007), récemment appliqué au domaine physique et sportif, pourrait s’appliquer à ce type de tâche. Il suggère que l’induction d’un stéréotype négatif pourrait entrainer une amélioration de la performance des participant.e.s menacé.e.s lors de tâches d’endurance non-techniques. En accord avec ces prédictions, les études 1, 2, 3 et 4 de cette thèse ont montré une amélioration de la performance d’endurance des femmes, après l’induction d’un stéréotype négatif à leur égard, au travers de tâches à intensité maximale et sous-maximale et sur différents groupes musculaires. Ces études ont notamment observé que les femmes menacées étaient davantage motivées à surpasser les hommes (étude 4) et s’engageaient dans davantage d’effort. Cette amélioration de la performance pourrait également être due à une plus faible fatigue centrale (étude 3) et à une planification plus importante de la commande motrice au niveau du cortex préfrontal (étude 4). Ces quatre études renforcent l’hypothèse selon laquelle les effets des stéréotypes négatifs sexués seraient tâche-dépendants et le modèle du simple effort apparaît alors comme relativement robuste pour expliquer les effets des stéréotypes sexués sur des tâches d’endurance non-techniques. De manière intéressante, ces effets positifs n’ont pas été totalement répliqués chez les seniors. L’induction d’un stéréotype négatif lié à l’âge n’a entrainé aucune modification de la performance maximale des participantes (études 5 et 6) mais une augmentation de la performance lorsque l’intensité de la tâche était réduite (étude 6). Chez les seniors, le modèle du simple effort apparaît comme imparfait et nécessite d’être complété pour expliquer les effets des stéréotypes liés à l’âge dans le domaine physique et sportif. Les résultats de ce travail enrichissent la littérature sur la menace du stéréotype en montrant que l’induction d’un stéréotype peut, contrairement aux prédictions du modèle initial (Steele, 1997), entrainer une amélioration de la performance physique et sportive chez les femmes, et sous certaines conditions chez les seniors.