Thèse soutenue

Étude des mécanismes de récidive métastatique dans les cancers du sein luminaux de stade précoce : impact du microenvironnement tumoral

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Auteur / Autrice : Claire Bonneau
Direction : Fatima Mechta-GrigoriouRoman Rouzier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Hématologie et oncologie
Date : Soutenance le 23/11/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Hématologie, oncogenèse et biothérapies (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : Cancer, Hétérogénéité, Instabilité et Plasticité
Jury : Président / Présidente : Cyril Touboul
Examinateurs / Examinatrices : Fatima Mechta-Grigoriou, Roman Rouzier, Cyril Touboul, Catherine Muller, Vincent Lavoué
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Muller, Vincent Lavoué

Résumé

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Les cancers du sein de stade précoce constituent un enjeu de santé publique du fait de leur fréquence élevée (70% des nouveaux cas diagnostiqués). Parmi eux, les cancers luminaux (exprimant les récepteurs hormonaux sans surexpression de l’HER2) de stade T1N0, de moins de 2cm sans envahissement ganglionnaire, ont un pronostic spontanément favorable et font ainsi l’objet de peu d’études dédiées. Néanmoins certaines de ces patientes (5 à 10% à 10 ans) vont récidiver avec des métastases à distance et mourir. L’identification de facteurs pronostiques pour ces tumeurs et une meilleure compréhension des mécanismes de récidive pourraient permettre de discriminer les tumeurs réellement indolentes pour lesquelles le traitement pourrait être diminué et au contraire, les tumeurs les plus à risque de récidive pour lesquelles un traitement devrait être renforcé. L’objectif de ce travail de thèse était d’identifier les mécanismes de la récidive métastatique dans les cancers du sein luminaux de stade T1b-cN0M0 au diagnostic en analysant plus spécifiquement le microenvironnement tumoral. Pour cela, nous avons constitué une cohorte de patientes ayant eu un cancer du sein T1b-cN0, de type luminal (exprimant les récepteurs hormonaux sans surexpression de l’HER2) de type cas (patientes avec récidive métastatique à distance) / témoin (patiente sans récidive à distance), à partir de la cohorte de patientes suivies à l’Institut Curie. Les témoins étaient choisis appariés aux cas sur les principaux facteurs pronostiques connus : âge, grade tumoral et prolifération tumorale estimée par le Ki67. Nous avons ensuite évalué les facteurs de récidive dépendant des cellules tumorales. En analyse univariée, on montre qu’une moins bonne différenciation (baisse de l’expression de la E-cadhérine) est associée à la récidive. Par ailleurs, le score de récidive prédit par la signature transcriptomique ProsignaTM est plus élevé chez les cas que chez les contrôles sans que la discrimination entre les deux ne soit parfaite pour cette population de cancers du sein. L’originalité de notre étude reposait sur l’étude détaillée du microenvironnement tumoral. Sur le plan immunologique, l’analyse systématique quantitative et qualitative, en immunohistochimie, de l’infiltrat immun montre une absence d'association avec les lymphocytes B, macrophages et cellules dendritiques. En revanche, on observe une baisse des lymphocytes T CD4+ tumoraux chez les cas, sans autres association concernant les différents sous-types de lymphocytes T. Dans la continuité des travaux déjà réalisé au laboratoire du Dr Fatima Mechta-Grigoriou, l’analyse des différents sous-types de fibroblastes associés au cancer (CAF) dans notre cohorte révélait que les cas étaient plus spécifiquement enrichis en CAF activés de type CAF-S1 alors que la quantité globale de stroma ne soit pas associée à la récidive. Ici, l’action des CAF-S1 est médiée par la cadhérine-11 qui augmente les capacités de migration et invasion des cellules tumorales in vitro par stratégie siRNA. En analyse multivariée, les caractéristiques du microenvironnement et en particulier l’enrichissement en CAF-S1 restent significativement associées à la récidive.En conclusion, nous avons identifié que la survenue de métastases dans les cancers du sein luminaux de stade précoce repose sur des mécanismes associés au micro-environnement tumoral tels que la présence de CAF-S1 et leur expression de la cadhérine-11, indépendamment des cellules tumorales elles-mêmes. L’enrichissement en CAF-S1 dans le stroma tumoral était également un facteur de mauvais pronostic.