Thèse soutenue

Le Chœur des justiciables : contrôles, libertés et usages judiciaires de la poésie à la Renaissance (France, 1500-1560)

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Auteur / Autrice : André Bayrou
Direction : Michel Magnien
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation française
Date : Soutenance le 20/01/2018
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Formes et idées de la Renaissance aux Lumières (2005-... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Loris Petris
Examinateurs / Examinatrices : Michel Magnien, Loris Petris, Géraldine Cazals, Michèle Clément, Nathalie Dauvois
Rapporteurs / Rapporteuses : Loris Petris, Géraldine Cazals

Résumé

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Dans la France du XVIe siècle, la justice traque l’hérésie chez les auteurs et les imprimeurs attirés par la Réforme : on connaît les poursuites à répétition contre Clément Marot et l’exécution d’Étienne Dolet sur le bûcher en 1546. Mais cette politique répressive ne se limite pas à ces condamnations tristement célèbres, ni aux seuls sujets touchant la foi. Plusieurs autres poètes, connus et méconnus, sont mis en cause pour leurs compositions religieuses, mais aussi satiriques, voire, dans quelques cas isolés, obscènes. Les contentieux portant sur la propriété littéraire mettent également aux prises les différents acteurs de la fabrication du livre. Il s’agit alors de comprendre comment de telles contraintes judiciaires ont pu déterminer l’écriture de la poésie à la Renaissance. Il faut d’abord reconstituer les opérations de censure des textes poétiques, depuis le repérage du texte suspect jusqu’à l’interrogatoire du poète, en passant par l’octroi de l’autorisation d’imprimer ou l’enquête sur les vers satiriques placardés aux carrefours de la ville. On prend ainsi la mesure du régime de contrôle auquel les poètes font face en tentant de défendre leur liberté d’écrire – droit à la satire, droit de chanter leur foi, liberté de jouer avec les codes de la poésie érotique. Aussi l’idée de liberté d’expression ne leur est-elle pas si étrangère qu’on pourrait le croire, car ils peuvent donner un sens politique à la notion de « licence », qui, d’ordinaire, justifie les excentricités du langage poétique. Grâce à l’écriture, les poètes essaient de faire avancer leurs procès et se réapproprient leur expérience de la justice : ces usages spécifiques font de la poésie judiciaire l’équivalent d’un genre à la fois en prise avec le réel et ouvert aux échappées irréelles de la réécriture des événements.