Thèse soutenue

Des Marocains pour fermer les mines : immigration et récession charbonnière dans le Nord-Pas-de-Calais (1945-1990)

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Auteur / Autrice : Antonin Perdoncin
Direction : Pierre-Paul Zalio
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie, démographie
Date : Soutenance le 30/11/2018
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'Homme et de la société (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2015-2020)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure Paris-Saclay (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 1912-....)
Laboratoire : Institutions et Dynamiques Historiques de l'Économie et de la Société (Cachan)
Jury : Président / Présidente : Pierre Fournier
Examinateurs / Examinatrices : Pierre-Paul Zalio, Pierre Fournier, Yasmine Siblot, Paul-André Rosental, Elodie Béthoux
Rapporteurs / Rapporteuses : Yasmine Siblot, Paul-André Rosental

Résumé

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Comment des travailleurs marocains ont-ils été utilisés pour fermer les mines de charbon du Nord-Pas-de-Calais ? C'est à cette question que répond cette thèse. Elle s'inscrit dans une histoire économique du secteur charbonnier, et dans une socio-histoire des politiques migratoires vues du point de vue non pas de l'Etat mais d'une entreprise, de ses dirigeants et des agents impliqués dans le recrutement, l'administration et le contrôle de ces travailleurs immigrés. Alors que les puits d'extraction du charbon ferment les uns après les autres dans le Nord-Pas-de-Calais, comprendre quel a été le rôle des travailleurs marocains nécessite de situer leurs trajectoires professionnelles dans une histoire de la lente disparition du groupe professionnel des mineurs. Le contexte colonial pèse aussi lourdement, interrogeant les relations entre institutions étatiques et entreprises de part et d'autre de la Méditerranée, ainsi que les modalités d'importation de schèmes racialistes et de pratiques d'encadrement et de contrôle des populations.Cette recherche s'inscrit ainsi à l'intersection d'une sociologie économique de l'entreprise et de la régulation par l'Etat d'un secteur économique, et d'une sociologie historique du travail des politiques migratoires, et de la classe ouvrière. Afin de comprendre la manière dont une grande entreprise a mené, dans la durée, une politique de recrutement de travailleurs immigrés, il est nécessaire de mener l'analyse conjointe des transformations du système productif et des conditions économiques de production de l'entreprise, de l'évolution de la politique de main-d’œuvre interne à l'entreprise, et des trajectoires individuelles au sein d'un groupe professionnel segmenté et hiérarchisé.Les sources mobilisées sont constituées des fonds d'archives des Houillères du Nord-Pas-de-Calais et des Charbonnages de France, des fonds relatifs à la politique charbonnière des gouvernements français, des écrits et débats au sein d'un petit groupe d'ingénieurs-économistes du corps des Mines ayant contribué au pilotage de la récession charbonnière, et de dossiers de carrière de travailleurs des mines. Deux types de quantification sont mis en œuvre : à partir de statistiques de gestion et de main-d’œuvre produites par l'entreprise, et à partir d'un échantillon de 400 dossiers de carrière de mineurs (200 Marocains et 200 non marocains).De la nationalisation du secteur minier à la fermeture du dernier puits du Nord-Pas-de-Calais en 1990, apparaissent les liens entre politiques économiques, évolution du capitalisme français et modalités concrète de la construction, de l'affaiblissement, et de la disparition d'une frange importante de la classe ouvrière.