Les enjeux d'une esthétique du flamenco : étude analytique et critique du duende
Auteur / Autrice : | Anne-Sophie Riegler |
Direction : | Francis Wolff, Jean-François Carcelén |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 09/06/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : République des savoirs : lettres, sciences, philosophie |
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Georges Didi-Huberman |
Examinateurs / Examinatrices : Francis Wolff, Jean-François Carcelén, Georges Didi-Huberman, Marie Franco, Frédéric Pouillaude, Fátima Halcón | |
Rapporteur / Rapporteuse : Marie Franco, Frédéric Pouillaude |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse souhaite rendre intelligibles les expériences esthétiques puissantes qu'on nomme duende dans le flamenco. D'une part, le topos veut que le duende, parce qu'irrationnel et idiosyncrasique, constituerait une réalité indicible transcrite par un terme intraduisible. D'autre part, le flamenco est un genre artistique hybride dont il est difficile de cerner les limites : il s'alimente aussi bien au chant qu'à la musique instrumentale et à la danse, mêle les cultures populaire et savante et fait intervenir la spontanéité au sein d'un système de communication pourtant très codifié. Il pose donc des questions esthétiques singulières portant tout à la fois sur sa nature en tant qu'art, sur ses enjeux identitaires, mais aussi sur ses représentations, lesquelles, par un phénomène de contamination réciproque, semblent tout autant s'alimenter aux pratiques que les influencer en retour. Nombre de mythes et de clichés informent le flamenco depuis ses débuts, qu'ils émanent de la pensée commune, de l'activité artistique ou de la flamencologie. L'image d'un art démesuré, dont l'authenticité serait liée au débridement des instincts, gage d'une hypothétique « pureté », a largement fait fortune. Or, cette image apparaît par excellence dans les usages liés au duende. Tout se passe donc comme si, à étudier le duende, on était inévitablement renvoyé au flamenco, et réciproquement, alors même qu'ils constituent l'un pour l'autre des impensés. Comment, dès lors, approcher le flamenco par l'intermédiaire d'un phénomène apparemment insaisissable, et comment, en retour, approcher le duende par l'intermédiaire d'un art aux contours indistincts ? On formule ici l'hypothèse qu'à la condition d'adopter une conception souple de la définition, le duende devient définissable, et que, de surcroît, il nous livre le concept unificateur de certains des enjeux majeurs du flamenco.