Thèse soutenue

Les trajectoires divergentes des réseaux de chaleur urbain en France et en Alberta (Canada) : politique étatique et construction socio-matérielle et socio-spatiale des transitions bas-carbone

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Auteur / Autrice : Aida Nciri
Direction : Olivier CoutardByron A. Miller
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 20/11/2018
Etablissement(s) : Paris Est en cotutelle avec University of Calgary. Department of geography
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (Noisy-le-Grand, Seine-Saint-Denis) - Laboratoire Techniques- Territoires et Sociétés / LATTS
Jury : Président / Présidente : Greg McDermid
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Coutard, Byron A. Miller, Julia Affolderbach, Sophie Van Neste, Noel Keough, Jonathan Rutherford
Rapporteurs / Rapporteuses : Julia Affolderbach, Sophie Van Neste

Résumé

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Comment différentes structures étatiques, et différents contextes socio-matériels dans le secteur énergétique et en milieu urbain expliquent l’inégale diffusion des réseaux de chaleur urbain (RCU) en France et en Alberta (Canada) entre 2000 et 2014 ? Afin de répondre à cette question, cette thèse analyse les processus de transitions bas-carbone à travers un prisme socio-spatial et socio-matériel qui prend en compte les enjeux de pouvoir et le rôle des structures étatiques. A la fois infrastructure énergétique et urbaine, les RCUs permettent d’explorer les imbrications des gouvernances des transitions bas-carbone, énergétique et urbaine. Cette recherche s’appuie sur trois contributions théoriques : 1) les récents travaux menés par les (urban) Transitions Studies, 2) une conception lefevbrienne de la « production de l’espace », et 3) la notion d’approche strategico-relationelle de pouvoir étatique (strategic-relational approach of state power) développé par Jessop. A travers une recherche comparant différents niveaux de gouvernement, nous examinons l’inégale construction des politiques énergétiques bas-carbone en France et en Alberta, ainsi que leurs articulations avec les structures étatiques, et les systèmes énergétiques et de gouvernance urbaine propres à chaque pays. Afin de contourner les écueils liés à une comparaison inter-niveaux, telles l’incommensurabilité et la comparaison factice, nous mobilisons le cadre d’analyse Territoire-Place-Echelle-Réseau (Territory-Place-Scale-Network framework, TPSN) développés par Jessop et al. (2008). Équipée de ces solides outils théoriques et méthodologiques, nous démontrons que le niveau provincial au Canada, et le niveau national en France, sont les niveaux qui dominent l’action publique et la construction des politiques énergétiques et de gouvernance urbaine. Malgré des pouvoirs équivalents, le gouvernement français et le gouvernement albertain ont développé des politiques publiques très différentes sur les transitions bas-carbone, mettant en relief l’exercice sélectif des compétences étatiques détenues par chaque juridiction. Chaque niveau de gouvernement a différemment impliqué les collectivités urbaines, et se distingue par leur mode d’intervention. En France, les RCUs ont été activement soutenus dans les politiques énergétiques bas-carbone (state-sponsored) menées au niveau national, activant de nouveaux canaux de croissance pour les grands énergéticiens compatibles avec les configurations socio-matérielles dominantes. En Alberta, les RCUs s’inscrivent dans une politique publique d’expérimentation financée par les niveaux fédéral et provincial (state funded experiment), qui a échoué à activer de nouveaux canaux de croissance pour les énergéticiens locaux. Les RCUs se sont avérés incompatibles avec les configurations socio-matérielles dominant la province. Nous concluons que la construction sélective des politiques bas-carbone en France et en Alberta dépend des intérêts matériels des acteurs énergétiques et étatiques dominants. En d’autres termes, l’État ne cherche pas systématiquement à réduire les émissions de gaz à effet-de-serre. Il cherche plutôt à reproduire un status-quo, en adaptant les politiques publiques bas-carbone aux configurations socio-matérielles existantes. A travers cette discussion, nous soutenons que les structures étatiques et le cadre d’analyse TPSN permettent d’enrichir la théorisation de l’espace et des relations de pouvoir dans les (urban) Transition Studies