Sénescence cellulaire et physiopathologie des maladies pulmonaires chroniques : application à la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
Auteur / Autrice : | Marielle Breau |
Direction : | Serge Adnot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Pathologie et recherche clinique |
Date : | Soutenance le 21/11/2018 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Sciences de la Vie et de la Santé (Créteil ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Mondor de Recherche Biomédicale (Créteil) |
Jury : | Président / Présidente : Christos Chouaïd |
Examinateurs / Examinatrices : Serge Adnot, Fatima Mechta-Grigoriou, David Bernard | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Geli, Corinne Abbadie |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L'accumulation de cellules sénescentes (CS) est considérée comme un processus pathologique majeur impliqué dans la physiopathologie de plusieurs maladies pulmonaires parmi lesquelles la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et la fibrose pulmonaire. Les CS sont stables, elles peuvent survivre in vivo ou in vitro tout en perdant leur capacité de réparation, mais également en surexprimant certains médiateurs agissant sur les tissus environnants et appelé SASP (senescence associated secretory phenotype). Les CS pulmonaires contribuent ainsi au défaut de réparation tissulaire et, via leur SASP, à des altérations tissulaires aussi variées que à l'inflammation, l'emphysème, ou l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). Limiter la sénescence cellulaire et le SASP représente ainsi un objectif thérapeutique majeur dans la BPCO.Au cours de ma thèse, j’ai exploré les mécanismes conduisant à la senescence cellulaire dans la BPCO en utilisant une double approche : études sur tissus et cellules humaines couplées à l’étude d’animaux transgéniques.La première étude à laquelle j’ai contribué porte sur le rôle de la voie de signalisation mTOR dans la sénescence cellulaire. Nous avons montré une activation des membres de cette voie dans les poumons et les cellules en culture (cellules musculaires lisses et cellules endothéliales) de patients BPCO en comparaison avec des sujets témoins, et montré que l’inhibition de mTOR par la rapamycine protège de la sénescence cellulaire. Nous avons évalué les conséquences de l'activation de mTOR, induite chez des souris transgéniques par la délétion inductible du régulateur négatif du complexe 1 de mTOR (TSC1) dans les cellules endothéliales et les cellules épithéliale alvéolaires. Ces souris développent un emphysème pulmonaire et une HTAP en 3 mois, montrant un lien étroit entre la voie mTOR, l’accumulation de CS et l’emphysème.La seconde étude porte sur le rôle du stress oxydant présent dans les poumons de patients BPCO, et associé à une réduction des facteurs de transcription junD et Nrf2. J’ai étudié des souris déficientes pour JunD (JunD-KO) présentant un stress oxydant chronique et une accumulation de CS en comparaison avec des souris témoins à l’âge de 4 mois et 12-18 mois, traitées ou non par l’antioxydant N-acétylcystéine (NAC). Nous avons observé une réduction du stress oxydant par le NAC, avec une diminution des dommages à l’ADN, du nombre de CS, et de l’emphysème pulmonaire. Ces effets, cependant, ont lieu de façon contemporaine à la survenue d’adénocarcinome pulmonaire chez 50% des souris JunD-KO et 10% des souris témoins à l’âge de 12-18 mois. Seules les souris traitées par le NAC développent un cancer. L’hypothèse est que le NAC crée un échappement à la sénescence cellulaire et favorise la transformation cellulaire, ce qui semble pouvoir être reproduit in vitro sur des fibroblastes embryonnaires de souris JunD-KO et témoins.Dans une troisième étude, j’ai montré que l’exposition de souris à l’hypoxie chronique induit une senescence pulmonaire qui s’accompagne d’une HTAP et un léger emphysème. Pour évaluer les effets des CS dans ce modèle, j’ai utilisé des souris permettant l’inactivation de p16 (délétion de p16 chez les souris homozygotes p16-luciférase) ou l’élimination des CS (souris p16-ATTAC dans lesquelles le gène suicide ATTAC est activable par le rapalog AP20187). Nos résultats montrent que l’inactivation de p16 et l’élimination des CS aggravent l’HTAP hypoxique malgré une réduction de l’inflammation pulmonaire. Une analyse RNAseq est en cours pour comprendre le mécanisme.Ces résultats montrent que les CS jouent un rôle majeur dans les altérations structurales des vaisseaux et du parenchyme pulmonaire au cours de la BPCO. Limiter la sénescence cellulaire peut être bénéfique, mais peut également, dans le cas du NAC, favoriser l’émergence cancer pulmonaire.