Thèse soutenue

Le « ballet russe » de Marius Petipa : un exemple d'hybridation culturelle

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Auteur / Autrice : Tatiana Nikitina
Direction : Pascale MelaniHélène Laplace-Claverie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études slaves
Date : Soutenance le 30/11/2018
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures, Littératures, Arts, Représentations, Esthétiques (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Régis Gayraud
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Melani, Hélène Laplace-Claverie, Catherine Géry, Sergej Aleksandrovič Konaev, Florence Poudru
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Géry

Résumé

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Le chorégraphe français Marius Petipa (1818-1910), qui a effectué la majeure partie d’une très longue carrière au service des Théâtres impériaux, est considéré comme l’inventeur du grand ballet académique ou du ballet « russe ». Ceci constitue un paradoxe intéressant, dans la mesure où il s’agit d’un chorégraphe étranger. Cette thèse propose d’envisager l’œuvre de Marius Petipa comme une œuvre à la frontière entre deux pays et deux cultures et de mettre à jour les oppositions et les tensions qui la traversent. Nous l’analysons comme un exemple d’hybridation culturelle et de transfert culturel, une notion qui sert à définir toute réalité sociale issue de contacts entre des identités initialement distinctes et autonomes. La question centrale soulevée dans cette thèse est l’analyse de la dimension slave de son œuvre et de son imaginaire au contact de la réalité russe. Après avoir brossé le contexte culturel et artistique russe, sont examinés les ballets des prédécesseurs de Petipa qui abordent un sujet slave et russe. Nous analysons Le Prisonnier du Caucase ou l’ombre d’une fiancée (1823) et Rouslane et Lioudmila ou Tchernomor, le sorcier maléfique (1824) du chorégraphe français Charles-Louis Didelot. Le ballet abordant le monde slave apparaît également dans l’œuvre de Jules Perrot. Le ballet signé par Arthur Saint-Léon, Le Petit Cheval bossu (1864), inspiré par le conte de Piotr Erchov, connaît un vrai succès. Le chorégraphe français s’adresse également à l’œuvre d’Alexandre Pouchkine pour son ballet au thème russe, Le Poisson doré (1867). Sont enfin analysés les ballets méconnus et peu étudiés de l’œuvre petipienne qui abordent un sujet slave : Roxana, la Belle de Monténégro (Saint-Pétersbourg, 1878) et Mlada (Saint-Pétersbourg, 1879). Ces créations coïncident avec un moment de tensions sociales et d’émergence des idées nationales en Russie au XIXe siècle. Elles confirment aussi la volonté du ballet de s’adapter, à sa manière, aux tendances du jour, reproduites cependant d’une façon conventionnelle. Cette thématique slave, abordée en Russie par les chorégraphes français, contribue à la construction de la notion de « ballet russe » qui trouvera son apogée au début du XXe siècle à Paris.