Thèse soutenue

Le documentaire en Chine (1905-2017) : entre autonomie artistique et enjeux politiques

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Auteur / Autrice : Flora Lichaa
Direction : Vincent Durand-DastèsKristian Feigelson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire, sociétés et civilisation
Date : Soutenance le 07/12/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langues, littératures et sociétés du monde (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Institut national des langues et civilisations orientales (Paris ; 1971-....)
Equipe de recherche : Equipe d'accueil ASIEs (Paris)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Vincent Durand-Dastès, Kristian Feigelson, Anne Kerlan, Isabelle Thireau, Françoise Kreissler, Luisa Prudentino
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Kerlan, Isabelle Thireau

Résumé

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Cette thèse se propose d'explorer les enjeux politiques, esthétiques et éthiques du documentaire en Chine. À partir d'une recherche historique depuis la naissance du cinéma chinois en 1905 jusqu'à la fin de l'ère maoïste en 1976, nous montrons que le documentaire est progressivement assujetti aux politiques, soutenant la construction d'une Nation moderne. Ainsi, l'esthétique ne parvient pas à s'affranchir de la politique avant les réformes économiques des années 1980. À partir de cette période, nous analysons les stratégies adoptées par les cinéastes pour se libérer de leur carcan idéologique, en nous appuyant sur des enquêtes de terrain et des analyses filmiques. Si la télévision offre d'abord un cadre propice à une réévaluation du documentaire pour favoriser sa diffusion, nous montrons que le renforcement de la censure, après les manifestations de 1989, incite certains documentaristes à créer des circuits de production et de diffusion alternatifs au secteur audiovisuel. L'analyse consacrée au mode d'organisation de ce réseau met au jour les mécanismes de reconnaissance professionnelle qui amènent les cinéastes à développer leurs activités dans le secteur privé chinois, tout en cherchant à exister sur la scène internationale. Cette autonomie structurelle leur permet de concevoir une éthique visant à garantir leur proximité avec les personnes filmées, souvent issues des couches populaires. Mais en raison de l'ingérence des autorités chinoises, leurs films sont seulement diffusés dans des festivals bénéficiant d'une faible visibilité dans l'espace public. Du fait de leur inscription dans un espace marginalisé, fréquenté essentiellement par des artistes et des intellectuels, leur visée égalitariste se heurte à l'impossibilité de renouer avec le public chinois. Ce paradoxe suggère la difficulté d'établir un dialogue constructif entre les documentaristes et le public, tant que l’État chinois n'autorisera pas la formation d'une sphère réflexive, fonctionnant indépendamment des institutions politiques, permettant de réunir cinéastes, critiques et spectateurs en une communauté concrète.