Figures stigmatisantes de la laideur dans la clinique contemporaine : Le rôle du jugement esthétique et du malaise social dans la construction imaginaire et fantasmatique de soi
Auteur / Autrice : | Cristina Cernat |
Direction : | Joël Birman |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie. Psychologie clinique |
Date : | Soutenance le 30/09/2017 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....) |
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) | |
Jury : | Président / Présidente : Alain Vanier |
Examinateurs / Examinatrices : Joël Birman, Alain Vanier, Michèle Benhaïm, Erika Parlato-Oliveira, Stéphane Thibierge | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michèle Benhaïm, Erika Parlato-Oliveira |
Mots clés
Résumé
Dans le malaise contemporain, où l’affichage d’une belle image de soi occupe une place prépondérante, la beauté est devenue plus qu’un droit, elle est un devoir. Si l’esthétisation et la technologisation du corps sont des productions sociales du discours hygiéniste, il semble que la laideur se signifierait comme une exclusion de ce qui n’est pas intégrable dans les canons esthétiques. Comment naît le jugement esthétique chez l’être humain ? Nous constatons que les représentations esthétiques, dans la dynamique inconsciente, présentent toujours une connotation phallique. En outre, la psychanalyse nous montre que si nous discriminons le laid, c’est parce que sa vue éveille en nous des angoisses de castration, de dégénérescence et de mort, en faisant travailler notre image corporelle. Nous nous demanderons donc si la médicalisation, le besoin de s’entretenir et de s’embellir font partie des solutions proposées par le social pour maîtriser son corps, le sentiment d’inquiétante étrangeté et la dysmorphophobie.En effet, de plus en plus de patients viennent consulter parce qu’ils se sentent laids et pas à la hauteur d’un tel idéal. Qu’est-ce qui fait qu’un sujet ne s’estime pas beau ? Y a-t-il des sujets qui sont plus susceptibles de se sentir laids que d’autres ? Le sentiment de laideur apparaît quand on ne se sent plus à la hauteur d’un idéal esthétique ; il dévoile au sujet son manque-à-être et à-avoir. La clinique contemporaine nous montre aussi que le rejet social de la laideur se présente comme un cercle vicieux, puisqu’en étant discriminé par le regard de l’autre, le sujet a tendance à fuir ce regard qui le met mal à l’aise. La représentation laide de soi naît alors comme production subjective d’un regard de l’autre projeté et d’un regard de l’Autre introjecté. En conséquence, le tissage psycho-somato-social que les figures cliniques de la laideur désignent, nous permet de soulever d’importants enjeux thérapeutiques et sociaux. Si le sentiment de sa propre laideur peut être le seul moyen que le sujet a trouvé pour parler de ce qu’il ne peut pas dire, alors éradiquer ce symptôme, comme le proposent les prises en charge dans certains champs thérapeutiques, ne présente-t-il pas le risque de faire péricliter unmécanisme de défense et de causer un effondrement psychique ? Se sentir laid peut alors constituer un moment passager dans l’appropriation psychique d’une image de soi, vécue comme châtrée, abîmée et métamorphosée.