Thèse soutenue

Danse et subjectivation à l'adolescence : de la danse dans la culture à la danse comme médiation thérapeutique

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Auteur / Autrice : Anne-Marie Paul
Direction : François Richard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie. Recherche en psychopathologie et psychanalyse
Date : Soutenance le 21/11/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Mi-Kyung Yi
Examinateurs / Examinatrices : François Richard, Mi-Kyung Yi, Anne Brun, Solange Carton, Bernard Golse
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Brun, Solange Carton

Résumé

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La danse, art tabou et paradoxal, est à l'adolescence naturellement thérapeutique, comme le jeu l'est pour l'enfant. En réaction à l'effraction pubertaire, l'expression de la pulsion dansante favorise la réassurance narcissique par l'autoérotisme du mouvement dansé qui convoque l'identification archaïque au corps maternel, la passivité propre au féminin, la découverte de l' « autre sexe ». Ce travail de recherche vise d'une part à penser l'engouement moderne de la culture pour la danse, qu'elle soit de loisir ou artistique, comme une des nouvelles formes d'expression du lien social et de ce qu’on peut appeler avec S. Freud la « morale sexuelle civilisée », renouant avec un érotisme collectif féminin tout en s'organisant en expression symbolique afin de créer de nouveaux territoires du politique. Il vise également à affirmer l'appartenance d'une certaine forme de danse-thérapie, que je nommerai médiation danse, au champ psychanalytique, afin de soutenir la place de la psychanalyse dans le traitement des pathologies de la clinique contemporaine, et d'envisager l'adaptation de ses techniques aux modalités actuelles d'expression de la subjectivité dont l'adolescence, comme état-limite, est le paradigme. Le matériel clinique est composé de documents écrits et filmiques, de l'analyse de ma pratique thérapeutique groupale et d'entretiens psychothérapiques.D'un point de vue anthropologique, la danse classique apparaît comme une tentative pour maîtriser l'éros débordant de la danse dionysiaque ; émergeant en Occident au même moment que la psychanalyse, la danse libre vise au contraire à dévoiler, à travers la recherche du geste naturel, la vérité du désir. En même temps qu'elle procure une jouissance « autre », la danse improvisée, qu'elle soit urbaine ou contemporaine, est en effet une expérience transitionnelle qui permet au sujet, dans le mouvement même de la danse qui figure la naissance, d'éprouver la séparation et de s'engager dans la rencontre intersubjective, garante de la construction intrasubjective. Le groupe de danseurs, foule organisée par l'idéal esthétique du rythme, peut ainsi apparaître comme une forme essentielle du groupe et un lieu de subjectivation privilégié pour l'adolescent contemporain, qui y satisfait son besoin d'identification collective et de rituels initiatiques inscrivant sur son corps l'empreinte de la culture. De ce fait, la danse peut être pensée avec la psychanalyse comme une médiation thérapeutique particulièrement indiquée pour des adolescents souffrant de pathologies narcissiques graves. L'étude d'un groupe à médiation associant la danse et l'écriture, dans un hôpital de jour, montre comment la danse improvisée, telle un « squiggle dansé », vient révéler aux patients leur image inconsciente du corps qui se transforme au contact des thérapeutes et du groupe, dans le transfert. L'écriture vient soutenir, pour ces adolescents en souffrance de symbolisation, les propriétés subjectivantes de la danse qui se déploient dans l'espace de la rencontre