Temps verbaux, point de vue et composition dans les romans de Claude Simon : approche stylistique et génétique
Auteur / Autrice : | Olivier Kahn |
Direction : | Anne Herschberg-Pierrot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et litteratures francaises |
Date : | Soutenance le 30/06/2017 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Littérature, Histoires, Esthétique |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Anne Herschberg-Pierrot, Martine Créac'h, Jacques Neefs, Nathalie Piégay, Isabelle Serça |
Mots clés
Résumé
Cette thèse met en valeur les liens que les temps verbaux et la construction textuelle du point de vue entretiennent avec la composition des romans de Claude Simon écrits à partir du Vent (1957). En nous appuyant sur la théorie des systèmes de temps et en la revisitant à partir de l’emploi des temps verbaux dans ses romans, nous montrons en quoi l’écriture de l’écrivain conteste des systèmes verbotemporels et un système narratif historiquement datés au regard d’une écriture qui s’émancipe des schémas qui les motivent. Nous démontrons de même que la temporalité et la construction textuelle du point de vue dans ces romans sont au service de la plasticité de la composition romanesque. L’analyse verbotemporelle de notre corpus s’articule, conjointement à celle de la ponctuation, de la syntaxe, de l’énonciation et du point de vue narratif, avec la composition des romans. L’approche stylistique de tous ces aspects se conjugue à l’approche génétique, qui permet dans de nombreux cas d’expliquer plus justement le processus d’élaboration de la composition et du style. La prise en compte de la composition nous paraît s’imposer au vu des ruptures radicales avec un système romanesque périmé, qui nous amènent à déplacer le champ des repères de l’analyse critique. On pourrait dire, en paraphrasant Mallarmé, que dans les romans de Claude Simon, la composition rémunère le défaut des repères traditionnels du temps. De même que la syntaxe et la ponctuation ne se pensent plus à l’échelle de la phrase, chez Claude Simon, nous considérons que les temps verbaux et la notion de point de vue doivent aussi s’envisager à l’échelle du roman et de ses macrostructures, ce qui nous conduit à mettre particulièrement en valeur la composition de deux romans, La Route des Flandres et Le Jardin des Plantes, qui, faisant alterner temps présent et temps du passé, permettent de bien rendre compte de leur composition verbotemporelle. Cette recherche, qui s’intéresse en premier lieu au renouvellement de la langue littéraire par Claude Simon, contribue par voie de conséquence au renouvellement de la méthodologie critique qui permet de la mettre en valeur. Elle montre à partir de l'étude stylistique et génétique du roman simonien comment la littérature conduit à revoir l'approche linguistique de la langue au-delà de la phrase mais aussi comment la poétique narrative rouvre l'usage de la langue.