La šu'ubiyya et la recherche d'un passé mythique commun dans l'adab du IIIe/IXe siècle : exemples d'al-Gahiz et d'Ibn Qutayba
Auteur / Autrice : | Moulay Mustapha Tesrif |
Direction : | Katia Zakharia |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Linguistique, Littérature et civilisation Arabes |
Date : | Soutenance le 09/12/2017 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Histoire, archéologie, littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (Lyon ; 1977-....) |
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Sylvie Denoix |
Rapporteurs / Rapporteuses : Ali Benmakhlouf, Frédéric Lagrange |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse se propose de montrer, à partir d’exemples concrets de textes anti-Šu‘ūbiyya tirés des œuvres d’al-Ğāḥiẓ (m. 255/869) et d’Ibn Qutayba (m. 276/889), la prégnance de la période préislamique sur l’adab du IIIe/IXe siècle. La méthode retenue est la confrontation critique notamment de la version numérisée de ces textes. Cette approche permet d’alimenter l’hypothèse d’une représentation magnifiée de l’Arabie préislamique : une image qui a fondé une part non négligeable des symboles identitaires de la culture arabo-musulmane, nourrie d’un passé mythique dans lequel peuvent se retrouver tous les musulmans sans préjuger de leurs ascendances.En effet, entendant par « mythe » les récits des origines qui cherchent à expliquer des données de la réalité en les inscrivant dans une dimension transcendée et surnaturelle, le symbolisme de l’adab situe l’essence des valeurs qu’il défend dans l’héritage des anciens Arabes. Cherchant à expliquer le monde, les udabā’ feront de la ğāhiliyya la source des vertus et le berceau de la langue arabe la plus pure. Inventant de nouvelles généalogies « fédératrices », ils s’attacheront à mettre en avant la maîtrise des traditions arabes préislamiques. Ainsi, nos deux auteurs situent la naissance de la civilisation arabo-musulmane dans des récits hors du temps et en rupture avec le présent. Les musulmans non-arabes peuvent donc ne plus se réclamer de leurs passé « réaliste » et prendre plutôt racine dans un passé qui favorise une culture commune inscrite dans un temps autre que le temps historique. Nos auteurs inventent une manière de culture vierge qui, seule, peut permettre à leurs yeux le commencement absolu. Par conséquent, les référents à la supériorité devraient être bouleversés par « l’effet anti-Šu‘ūbiyya » puisque l’origine ethnique ou la réalité historique ne sont plus le seul sens de l’existence.