Thèse soutenue

La mémoire à l’œuvre : Drieu La Rochelle et la construction du sens : l’homme et la Grande Guerre

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Auteur / Autrice : Clement Extier
Direction : Dominique CarlatFrançoise Grauby
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et litteratures francaises
Date : Soutenance le 12/12/2017
Etablissement(s) : Lyon en cotutelle avec University of Sydney
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Passages XX-XXI (Lyon ; 2007-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : passsages XX-XXI
Jury : Président / Présidente : Dominique Massonnaud
Examinateurs / Examinatrices : Lûdmila Štern
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Louis Jeannelle, Greg Hainge

Résumé

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Cette thèse explore la manière dont la mémoire constitue une ressource dynamique dans la construction de sens dans l’espace littéraire – poétique et critique en particulier –, et comment elle négocie avec la trace pour opposer la littérature à l’histoire. Fonctionnant à rebours, selon la marche même du ressouvenir, notre réflexion part du présent pour remonter aux deux premiers textes de Drieu, Interrogation (1917) et Fond de cantine (1920).L’introduction permet une première mise au point méthodologique et conceptuelle sur la question des liens entre psychanalyse et littérature, puisque nous revendiquons une démarche redevable de la psychanalyse. En considérant la théorie psychanalytique comme théorisation de sa pratique, il apparaît qu’une approche psychanalytique du texte ne serait s’en tenir à une stricte application de concepts, réduisant souvent la lecture à une mise à l’épreuve de ceux-ci. Pour une herméneutique du texte pertinente, cette pratique doit être translatée, adaptée. Il s’agit alors d’emprunter à la situation analytique quelques éléments favorisant l’élaboration de sens : le transfert, l’écoute flottante, la libre association, le statut de la vérité et le procédé d’attestation de celle-ci.Le premier chapitre constitue un état des lieux de la critique rochellienne marquée par des décennies de lectures biographiques, dont les productions ont fini par recouvrir les œuvres mêmes de Drieu. En recourant à certaines réflexions issues du champ historiographique, nous montrons que Drieu est devenu un monument inscrit au patrimoine littéraire. Désormais lieu de mémoire, il continue d’être l’objet de textes qui sont autant d’entreprises pour construire des identités narratives de Drieu, selon des ressorts et des dynamiques communes que la psychanalyse permet de mettre au jour.Le second chapitre est une lecture exhaustive d’Interrogation selon trois substrats culturels qui composent la mémoire à l’œuvre : la religion, l’histoire et la littérature sont mobilisées pour refuser le caractère proprement inédit et inouï de la Première Guerre mondiale. Celle-ci s’inscrit dans un continuum de l’histoire : elle n’est qu’une occurrence d’un même principe, et permet ainsi d’inscrire le sujet dans une temporalité qui confond passé et présent.Ces trois substrats ne subsistent pas dans Fond de cantine : le troisième chapitre s’emploie à rendre compte de leur effondrement et de l’éclatement du sujet sous le poids de l’histoire qui fournit cependant au sujet un modèle discursif à voir comme une autre stratégie de sémantisation du conflit. Mais cette tentative d’historicisation de la guerre confond références littéraires et faits historiques, et dessine une nouvelle expérience du temps où le présent domine : le passé n’est plus qu’un temps mythique, et l’évolution de l’humanité jusqu’à ce présent condamné à se perpétuer dans l’avenir est identifié à une décadence de l’homme, son aliénation et son incarcération.