L'art du 'ūd égyptien, de l'organologie à la performance : la virtuosité traditionnelle et son évolution à l'aune du 78 tours
Auteur / Autrice : | Tarek Abdalla |
Direction : | Emmanuel Reibel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Musique et musicologie |
Date : | Soutenance le 29/09/2017 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (Lyon ; 2016-....) |
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Nidaa Abou Mrad |
Examinateurs / Examinatrices : Florence Gétreau, Pierre Saby |
Mots clés
Résumé
L’autonomisation de l’art instrumental arabe et, plus particulièrement, l’éclosion de l’art improvisatif du taqsīm au ‘ūd, sont concomitants à l’avènement de l’ère discographique et du 78 tours (1903) en Égypte, notamment avec les enregistrements de Sayyid a-s-Suwaysī, tandis que l’apogée de cet art attendra les années 1920, avec les développements apportés à cette pratique par Muḥammad al-Qaṣabgī, surnommé Sultan du ‘ūd. L’émergence du 78 tours est anticipée par une véritable renaissance musicale, menée par des musiciens de génie attachés à la cour d’Ismaël Pacha et ses successeurs. Le développement du pendant instrumental de cette école (nommée la Nahḏa), qui est inhérent au ‘ūd, est lié notamment à l’apparition au cours du dernier tiers du XIXe siècle d’un nouveau modèle de cet instrument. Les caractéristiques géométriques de ce nouveau model (taille, rapport entre longueur de corde vibrante et longueur du manche etc.) le distinguent nettement de son prédécesseur tel qu’il est décrit par les auteurs occidentaux (Villoteau, Lane, Fétis) et orientaux (Maššāqa et al-Jundī). Aussi, sur la période 1902-1904, plusieurs théoriciens égyptiens ont-ils rendu hommage à cet instrument par une actualisation de la théorie modale arabe abbasside, conçue en fonction des doigtés du ‘ūd, et son application au grand ‘ūd égyptien. Ce faisant, ils affirment l’importance de l’instrument dans la théorie, la performance et la transmission. Cette thèse a pour but d’étudier l’évolution de la virtuosité traditionnelle inhérente à la notion médiévale du haḍaq (liée à la perfection artistique) au sein de la tradition musicale arabe, et ce, par le biais de l’analyse de l’évolution des formes jouées, de l’accordage, et des modes de jeu. Cet examen commence par une étude organologique et acoustique des modèles d’instruments employés dans les enregistrements du début de l’ère discographique, en tant que critères externes. Il se poursuit par la segmentation des énoncés enregistrés, à partir de critères internes, liés à la métrique poétique arabe, au mode de jeu et à la configuration du discours musical. Il se termine par une modélisation sémiotique modale de deux extraits et débouche sur une mise en exergue des apports de Qaṣabgī à l’art improvisatif du taqsīm.