La dépendance à l’héroïne pose des problèmes graves, vu sa propagation parmi les jeunes et son lien avec l’autodestruction, la transgression et la délinquance. Depuis des années, les perspectives psychanalytiques et systémiques, malgré leurs différences conceptuelles, se rejoignent sur l’importance des facteurs familiaux chez les jeunes qui développent des conduites de dépendance à une substance, notamment l’héroïne. La dépendance à l’héroïne semble comporter une prévalence de familles dysfonctionnelles avec des mandats familiaux destructurants, des carences ou des excès dans les fonctions maternelles, des défaillances majeures des fonctions paternelles, ainsi que des conflits familiaux et parentaux, dont les causes dépassent le présent et trouvent leurs racines dans des transmissions transgénérationnelles. Les comportements de dépendance perçus sous l’angle du générationnel et du transgénérationnel n’ont pas été étudiés dans l’expérience libanaise. Il nous semble que les jeunes libanais dépendants à l’héroïne tentent de résoudre, à travers des prises de drogue, une dépendance qui les relie à un passé envahissant et reflète par leur dépendance des histoires familiales, non résolues, qui se répètent d'une génération à une autre. De ce fait, discerner les problématiques de la dépendance à l’héroïne au Liban, étudier le rôle central des relations précoces que vivent les héroïnomanes et mettre en évidence les caractéristiques transgénérationnelles du génogramme familial, peuvent fournir des pistes importantes dans le discernement des pathologies de l’addiction et permettent aussi de mieux viser les interventions thérapeutiques.