« Toucher les sons » : la manipulation expérimentale des sons électroniques, de l'apprentissage à la transmission dans les pratiques improvisées contemporaines - enquête de terrain à montréal auprès de musiciens improvisateurs (2013-2016)
Auteur / Autrice : | Grégoire Lavergne |
Direction : | Marc Chemillier, Caroline Traube |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Musicologie anthropologie sociale |
Date : | Soutenance le 05/07/2017 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS en cotutelle avec Université de Montréal (1978-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Couprie |
Examinateurs / Examinatrices : Marc Chemillier, Caroline Traube, Pierre Couprie, Ludovic Florin, Flavia Gervasi, Philippe Le Guern, Fabrice Marandola |
Mots clés
Résumé
Dans le domaine musical, l'époque contemporaine se caractérise par la dissémination de la scène, la démultiplication des genres musicaux et l’omniprésence des techniques audionumériques dans les processus de fabrication et de diffusion des enregistrements, reproductibles à l'infini par un nombre toujours croissant d'utilisateurs de matériel informatique. Nous choisissons d'extraire d'un tel contexte les pratiques improvisées d'inspiration libre usant d'une lutherie électronique. Comment les artistes parviennent-ils à se repérer dans un environnement aussi fluctuant et problématique, puis à transmettre leur savoir musical ? Pour sortir de la compilation des données temporellement circonscrites, nous tâcherons de comprendre ce qui est en train de se passer au sein des pratiques improvisées contemporaines dans une localité précise. Le cadre théorique, hérité du jazz, montrera qu'il existe au XXème siècle un lien entre l'enregistrement sonore et l'improvisation à travers trois types d'instrumentation : mécanique, analogique et numérique. À l'aide de deux exemples historiques, nous essayerons de comprendre comment un improvisateur apprend à jouer du clavier tout en étant confronté, dans le même temps, à un dispositif technique de production et de reproduction sonore. La méthode introduira ensuite l'enquête de terrain effectuée à Montréal en 2013-2014 dans l'atelier de six musiciens amateurs. Les monographies mettront en évidence les filiations et la mémoire sonore de chaque artiste, constitutives d'un imaginaire musical l'autorisant à performer le moment venu. Les pratiques improvisées étudiées ne représentent aucun genre ni aucune tradition musicale identifiable, car elles s'inspirent indifféremment des musiques expérimentales, de l'électroacoustique, de l'improvisation libre, du free jazz et du rock. En revanche, elles demeurent indissociables du contexte qui les a vu naître, celui de la musique actuelle au Québec et de la topographie montréalaise. Grâce au concept d'« audiotactilité », ces pratiques seront analysées du point de vue des usages que les artistes font des circuits électroniques, c'est-à-dire le rapport physique à la matérialité des outils et des sons produits par le biais de l'ouïe et de la fonction haptique. L'improvisation procède-t-elle d'une construction réfléchie, telle une architecture ou une ingénierie, et l'électronique influence-t-il l'élaboration du discours improvisé ? Existe-il une structure sous-jacente dans l'élaboration d'un discours improvisé utilisant des outils électroniques en adéquation avec un processus musical vivant ? Par le réemploi de morceaux préexistants et par la pratique du sampling, l'improvisation peut être pensée comme un processus hypertextuel. Ainsi, nous verrons si les techniques numériques se placent dans la continuité de l'enregistrement mécanique et analogique ou si elles constituent un élément de rupture.