L'étrange vacuité photographique
Auteur / Autrice : | Ghislain Trotin |
Direction : | Hélène Sorbé, Agustín Azkarate Garai-Olaun |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Arts (Histoire, Théorie, Pratique) |
Date : | Soutenance le 21/12/2017 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 en cotutelle avec Universidad del País Vasco |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Cultures, Littératures, Arts, Représentations, Esthétiques (Pessac, Gironde) |
Jury : | Président / Présidente : Michelle Debat |
Examinateurs / Examinatrices : Hélène Sorbé, Sandrine Ferret, Javier Cenicacelaya | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michelle Debat, Sandrine Ferret |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’esthétique du vide en photographie est aussi ancienne que le médium lui-même. Son origine remonte aux premiers balbutiements de la technique qui, visant à obtenir une représentation exacte de la nature, s’est retrouvé confrontée aux forces résistives du réel. À l’insu de tous, cette esthétique émergea d’une tension entre le geste de l’inventeur, du créateur, qui souhaite accomplir son projet – forcer la “nature” à son dessein – et le réel qui résiste et entrave les tentatives. Toute la photographie “primitive” est marquée plastiquement par ce tiraillement entre des forces antagonistes. L’illusion, tant souhaitée, d’une représentation fidèle se déroba, laissant à la postérité la beauté de ces images sans pareille, ouvrant l’espace aux possibles. Les zones obscures, troubles et vides ont participé activement à doter ces photographies d’une aura, plongeant les spectateurs dans des contemplations et des rêveries sans fin. La phénoménalité du monde a marqué de son sceau l’esthétique photographique, transformant paradoxalement les projets technicistes, épris de précision, en aventures plastiques singulières et étranges. Ce grand écart entre désir d’appréhension et résistance du réel a produit des effets, des traces tangibles de l’étrangeté même du monde. La maturité du médium et de ses acteurs aidant, il n’y a eu, ensuite, qu’un pas à franchir pour que coïncident ces traces et les questionnements philosophiques qui en résultent. Le vide, élément majeur de cette esthétique, fut repris à bon escient comme stratégie au service du sentiment du sublime. Pour mettre en scène ces problématiques, nous convoquons l’histoire du médium photographique et, avec elle, ses plus illustres acteurs. Cela nous servira de fil d’Ariane pour parcourir les deux siècles qui nous séparent de l’invention de la photographie et voir comment, au cours de l’histoire de ce médium, des photographes ont réactivé cette esthétique. Cette thèse se propose, à travers de riches analyses historiques, techniques et théoriques, d’évaluer les résonances de l’esthétique du vide en photographie, qui consiste à vider l’espace représentatif plutôt qu’à le remplir. Par des études de cas, pratique raisonnée de prises de vue à l’appui, nous tenterons aussi de démontrer comment la photographie est devenue, au fil du temps, un médium privilégié de contemplation, d’observation, d’examen critique des espaces laissés vacants au sein du tissu urbain et comment la dialectique entre lieux réels et représentations photographiques permet, en retour, une réflexion sur les enjeux paysagers de nos espaces urbains.