Thèse soutenue

L'oeuvre d'exil au coeur du processus de subjectivation des descendants de la guerre d'Algérie : par-delà la mémoire traumatique familiale

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Auteur / Autrice : Safia Metidji
Direction : Rosa Caron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie. Psychopathologie et psychanalyse
Date : Soutenance le 30/09/2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Alain Vanier
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Douville
Rapporteur / Rapporteuse : Pascal Roman, Rajaa Stitou

Résumé

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Le traumatisme psychique dans la guerre confronte le sujet au « réel de la mort » (Lebigot, 2005). Il agit comme une effraction psychique, par laquelle aucune représentation n’est accessible, condamnant l’affect à errer sans but, sinon à sa glaciation. Les traumatismes de guerre en constituent l’apogée. À ce niveau, on observe que, pour fuir la menace du traumatisme dans la guerre, de nombreuses populations trouvent par le chemin de l'exode l'espoir d'une vie meilleure au sein d’une terre d'accueil plus sécurisante. Mais, si l'exil apparaît comme une issue ultime de protection, l’épreuve qu’il constitue n'épargne pas au sujet la douleur de la « coupure d'avec les origines », apparentée à une « trahison » (Stitou, 1997, 2006). L'exil d'après-guerre serait ainsi le terrain propice au défaut de symbolisation et de transmission entre générations, créant une rupture de la filiation (Tourn, 1997). Cette recherche s’intéresse aux enfants d'exilés de guerre, nés en terre d’exil, qui éprouvent, par procuration, la douleur sans nom de leurs parents. Il s’agit d’étudier les effets psychopathologiques du vécu d’exil familial d’après-guerre et d’analyser les conséquences de l’« empêchement de penser » (Cherki, 2008) sur le défaut de subjectivation de ceux qui en sont les descendants. En effet, si l'enfant privé de passé ne peut parvenir à se penser lui-même (Aulagnier, 1989), comment regagner une capacité subjectivante ? Nous fonderons notre recherche sur le terrain de l'Histoire de la guerre d'Algérie (1954-1962) et de l’exode en France métropolitaine des années 60. Par le témoignage sensible de nos participants nés en terre d’exil pendant et après la guerre, issus des différentes communautés rapatriées français et migrants algériens, nous analyserons le(s) facteur(s) spécifique(s) et commun(s) qui participe(nt) à entraver la transmission de l’histoire familiale menant à l’exil et leurs répercussions sur le parcours de vie et sur la construction psychique singuliers à chacun. Nous verrons que si le vécu d’exil des parents, en tant qu’arrachement à sa terre natale et perte des objets d’amour, peut altérer les voies de la transmission des origines, il peut aussi offrir les fondements nécessaires au processus de subjectivation chez les descendants. Nous montrerons la façon dont les descendants parviennent à mener une oeuvre de symbolisation dans et par l'exil, pour échapper à l'emprise des traumas en héritage, dont ils sont les dépositaires, afin de devenir à leur tour les agents de la transmission.