Relations entre le parasite Varroa destructor et son hôte l'abeille domestique : étude des facteurs impactant le déroulement du cycle de développement du parasite
Auteur / Autrice : | Vincent Piou |
Direction : | Angélique Vetillard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie, biodiversité et évolution |
Date : | Soutenance le 20/09/2016 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Jean-Louis Hemptinne |
Résumé
Varroa destructor, principal ectoparasite de l'abeille, est l'un des responsables majeurs des phénomènes de perte de colonies observés partout dans le monde. Depuis son changement d'hôte et l'infestation de colonies d'Apis mellifera dans les années 1970, des traitements essentiellement chimiques ont été proposés pour limiter l'infestation. Pourtant ces dernières années, ces traitements ont fait l'objet d'études critiques à la fois à cause de la résistance émergente du parasite aux différents acaricides et du fait de la sensibilité des abeilles à l'accumulation de produits chimiques dans les différentes matrices de la ruche. De nouveaux traitements alternatifs contre la varroose sont donc nécessaires et très attendus afin d'enrayer rapidement les effets délétères du parasitisme acarien. Cependant, la recherche de ces nouvelles cibles thérapeutiques est limitée par l'absence d'un système d'élevage synchronisé de l'hôte et de son parasite en laboratoire. L'objectif technique de ce travail de thèse était donc de pallier à ce manque en développant une méthode pour coupler l'élevage de larves d'abeilles in vitro avec le transfert à la fois de la phase phorétique et de la phase de reproduction du parasite (respectivement sur les adultes et sur les pupes) dans des conditions de laboratoire. Le système mis au point lors de ces travaux de thèse a permis une étude plus approfondie de l'impact de facteurs variables chez l'hôte sur plusieurs points clés du cycle parasitaire. Les effets de la nutrition larvaire chez l'abeille, la longueur de la phase phorétique, le type d'abeilles adultes sur lequel Varroa reste au cours de cette phase ou encore l'âge des stades larvaires ont ainsi été étudiés. L'analyse des impacts potentiels de ces facteurs a porté principalement sur certains paramètres de la reproduction, du comportement et de la virulence de V. destructor. Les résultats obtenus ont montré que la nutrition larvaire, ou plus précisément la supplémentation de la nourriture larvaire avec des pollens monofloraux et polyfloraux, a un faible impact sur la reproduction du parasite, mais présente une tendance à influencer le poids de l'abeille ainsi qu'à potentiellement augmenter la tolérance de l'abeille à certains des symptômes de la varroose, tels que la perte de poids. La reproduction du parasite n'a pas non plus été affectée par les variations induites dans la phase phorétique. Ni la fertilité du parasite, ni l'expression des deux gènes de la vitellogénine n'ont fluctué lorsque la durée ou l'âge des adultes parasités pendant la phase phorétique variaient. En revanche, la durée du séjour sur les abeilles adultes avant la reproduction est corrélée positivement à la charge virale chez le parasite, ce qui explique pourquoi les varroas ayant vécu une longue phase phorétique induisent plus fréquemment des malformations. Enfin, l'âge des stades juvéniles des abeilles sont tous attrayants pour Varroa destructor, bien que certaines préférences aient été mises en évidence dans notre étude. Si l'attraction pour le 5ème stade larvaire et les abeilles nouvellement écloses est déjà connu, l'attractivité des nymphes aux yeux blancs est un phénomène nouveau qui pourrait être d'importance majeure pour la compréhension du cycle parasitaire. Des analyses approfondies pour isoler les signaux responsables de cette attraction restent nécessaires. En conclusion, les travaux de cette thèse offrent une méthode d'élevage innovante et ouvrent ainsi, pour l'ensemble de la communauté apicole, de nouvelles avenues de recherche passionnantes afin de développer nos connaissances à la fois sur l'abeille, sur le parasite et sur les virus qu'il transporte. Ce travail pourrait permettre d'identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pour la conception de traitements alternatifs ciblant spécifiquement le parasite sans nuire à l'abeille.