Thèse soutenue

De l'arriéré au malade héréditaire : histoire de la prise en charge et des représentations du handicap mental en France et Allemagne (1890-1934)

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Auteur / Autrice : Valentine Hoffbeck
Direction : Christian BonahCatherine Maurer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire contemporaine
Date : Soutenance le 06/12/2016
Etablissement(s) : Strasbourg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (Strasbourg ; 2013-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle von Bueltzingsloewen
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Guillemain
Rapporteur / Rapporteuse : Isabelle von Bueltzingsloewen, Paul Weindling

Résumé

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Cette thèse aborde l'histoire des enfants et adultes handicapés mentaux en France et en Allemagne entre 1890 et le milieu des années 1930. Ce travail prend pour objet les personnes atteintes de déficience mentale, qualifiées à l'époque de « débiles mentaux », « imbéciles », « idiots » ou du terme plus générique d' « arriérés ». Cette étude apporte un éclairage nouveau sur plusieurs thèmes, en adoptant une perspective transnationale pour éclairer la circulation et les résistances dans les pratiques médicales et pédagogiques destinées aux arriérés. Cherchant à mettre en valeur la part de construction qui est en jeu dans l'élaboration de ces catégories nosographiques, les critères aboutissant à créer la « faiblesse d'esprit » (Schwachsinnigkeit) sont étudiés à travers de points de vue variés (famille, instituteurs, psychologues et aliénistes). On montre ainsi comment la catégorie est forgée par ceux qui les observent au quotidien. A l'échelle des institutions étudiées, l'évolution des pratiques asilaires démontre une volonté progressive de rationaliser le tri entre ceux qu'on pense « éducables » et les « incurables » par l'emploi d'outils tels que les tests psychométriques. La thèse démontre aussi comment les arriérés sont envisagés peu à peu comme une charge, voire un danger à l'échelle nationale. Après la Grande Guerre, le coût de leur prise en charge est vu comme un fardeau dans les deux pays, justifiant une rationalisation des soins qui leur sont accordés. Ils sont surtout considérés comme porteurs de tares transmissibles héréditairement, soit des individus qu'il s'agit de sélectionner voire d'éliminer en tant que danger sanitaire. La thèse explore ces deux aspects observés en France comme en Allemagne, et leur part dans la légitimation de la stérilisation forcée des arriérés comme « Malades héréditaires » mises en place par la loi adoptée dès les premiers mois de l'avènement du IIIe Reich, ainsi que les réactions du milieu psychiatrique français.