Catalogne et le roi. Représentations et pratiques de la majesté entre deux souverainetés (1640-1655)
Auteur / Autrice : | Daniel Aznar |
Direction : | Lucien Bély, Fernando Sánchez Marcos |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire des relations internationales et de l'Europe |
Date : | Soutenance le 09/09/2016 |
Etablissement(s) : | Paris 4 en cotutelle avec Universitat de Barcelona |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Histoire moderne et contemporaine (Paris ; 1994-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Roland Mousnier (Paris ; 1999-....) |
Jury : | Président / Présidente : Alicia Esteban Estríngana |
Examinateurs / Examinatrices : Géraud Poumarède, Xavier Torres i Sans |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’intégration de la Catalogne dans la monarchie française en 1641, ouvre une période de coexistence de deux univers politiques différents. Pour la France, l’incorporation de cette nouvelle province intervient dans une société marquée par une culture de l’héroïsme. Le règne de Louis XIII coïncide avec son âge d’or, puisqu’il sert de fondement au pouvoir royal et de référence pour l’ethos nobiliaire. La guerre qui s’ensuit, porte la culture de l’héroïsme à son paroxysme. La proclamation du roi comme souverain de Catalogne ouvre de nouveaux horizons à cet imaginaire politique revitalisant un messianisme qui substitue un prince français au souverain espagnol. Le récit de l’entreprise catalane produit par l’entourage royal offre une nouvelle perspective à la construction de l’image de Louis XIII. L’horizon catalan «achève» la fabrication de son profil héroïque et lui sert d’apothéose, valorisant à posteriori la mort «sacrificielle» du roi conséquence de sa présence au siège de Perpignan. Les vice-rois se retrouvent également au centre d’un discours héroïque, protagonistes d’une véritable épopée catalane. Les lumières et les zones d’ombres de ces expériences de l’héroïsme apparaissent dans le devenir, parfois tragique, de ces représentants du roi. Outre les défis militaires et politiques relevant de leur charge, ils doivent faire face aux équilibres de pouvoir relevant de la cour. Côté catalan, l’avènement de Louis XIII s’inscrit dans la dynamique «révolutionnaire» entamée en 1640. Le meneurs de la révolte, qui protestent néanmoins de leur fidélité à Philippe IV, formulent un récit capable de donner une cohérence aux tumultes et à l’instabilité permanente de la situation. L’horizon d’une «restauration» providentielle de Catalogne apparaît alors. L’issue républicaine semble ici introuvable entre l’interruption formelle de la juridiction de Philippe IV et l’acclamation de Louis XIII. Dès lors un discours providentielle de restauration de la Principauté se développe à travers une royauté messianique incarnée par un nouveau prince. L’image du roi devient un idéal sur lequel les dirigeants catalans projettent leurs attentes politiques et se justifient. La visite à Barcelone, annulée in extremis, précède de peu sa mort. Les funérailles royales servent alors à magnifier ce récit, et offrent par l’image du roi «sacrifié» et à canoniser, un emblème pour la Catalogne française.