Thèse soutenue

Dépiction non naturelle et dépiction naturelle : images, représentation, contexte

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Auteur / Autrice : Frédéric Wecker
Direction : Roger Pouivet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 07/12/2016
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'histoire des sciences et de philosophie-Archives Henri Poincaré (Nancy ; 1992-2017)
Jury : Président / Présidente : Marie-Dominique Popelard
Examinateurs / Examinatrices : Roger Pouivet, Jacques Morizot, Jiri Benovsky, Laure Blanc-Benon
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Dominique Popelard, Jacques Morizot

Mots clés

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Résumé

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L’une des finalités de ce travail est de proposer une approche renouvelée à la fois de la question fondamentale en philosophie de l’image (comment les images représentent-elles ?) et du compte rendu à donner à l’utilisation des images dans des actes communicatifs, en défendant une conception « pragmatique » de la représentation iconique dans les cas où des images manufacturées sont impliquées. Une autre de ses finalités est de contribuer à la caractérisation d’un débat en philosophie de l’image parallèle jusqu’à un certain point au débat opposant minimalistes et contextualistes en philosophie du langage, tel qu’il a été caractérisé par François Récanati (Recanati 2004, 2007, 2010). Ce travail n’est pas une tentative isolée, mais se propose de contribuer à la continuation d’une ligne de recherche en philosophie analytique de l’image qui a été tracée, il y a quarante ans, par David Novitz et Søren Kjørup (Kjørup 1974, 1978, Novitz 1975, 1977), puis prolongée par Marcia Eaton et Carolyn Korsmeyer (Eaton 1980, Korsmeyer 1985), et qui trouve aujourd’hui des prolongements contemporains dans le courant gricéen en philosophique de l’image (Abell 2005, 2009, 2013, Blumson 2009, 2014). Selon la conception de la dépiction d’inspiration gricéenne, partagée par beaucoup de ces auteurs, la représentation iconique est analysable comme une forme de signification non naturelle i.e. une forme de communication conditionnée par la reconnaissance des intentions du communicateur. Par rapport à ces tentatives antérieures, la doctrine ici défendue marque cependant une différence importante, puisqu’elle considère que la représentation photographique est analysable comme une forme de signification naturelle. Nous soutenons ainsi un dualisme iconologique qui fonde la différence entre images photographiques et images non-photographiques sur la différence entre signification naturelle et signification non naturelle. Pour ce qui est du versant « naturel » de cette division, ce travail profite pleinement du renouveau récent des théories de l’information naturelle (Millikan 2000, 2004, 2007, 2013, Shea 2007, Stegemann 2015, Scarantino 2015) – en tirant parti de celles qui admettent le réquisit de véridicité et restent ainsi en continuité avec la notion gricéenne de signification naturelle. En dépit de notre position sur les photographies, notre approche de la relation iconique reste dominée par le pôle pragmatique de l’interface iconique/pragmatique, puisque nous défendons la thèse selon laquelle nous abordons ordinairement les images comme des véhicules d’actes communicatifs. L’idée qu’une présomption communicative règle ainsi notre commerce ordinaire avec les images (photographiques comme manufacturées) nous permet en effet de réaffirmer la prévalence de la notion pragmatique de ce qui est représenté, même dans les cas (les photographies) où une autre notion est disponible. Dans des circonstances ordinaires, tout ce qu’une photographie représente par elle-même nous intéresse souvent moins que ce que son photographe veut représenter. Parmi les contributions de ce travail à une théorie de la communication iconique, il y a la défense de l’idée que des processus pragmatiques libres sont au coeur de la communication iconique. Nous soutenons que les problèmes de sélectivité spécifiques posés par la communication iconique – le problème de sélectionner les propositions communiquées par l’utilisation d’une image dans un acte communicatif ou les détails pertinents pour l’interprétation – sont résolus par un processus pragmatique libre (de haut en bas) – l’appauvrissement pragmatique – et non par la sélectivité iconique. En raison de la nature de son monisme iconologique, qui aligne le statut des images manufacturées sur celui des photographies, et de sa propension à éliminer les intentions communicatives du tableau de la relation iconique, la théorie iconique informationnelle de Dominic Lopes (Lopes 1996), est un point de focalisation dialectique fort de ce travail