Quand la prison prend soin : enquête sur les pratiques professionnelles de santé mentale en milieu carcéral en France et en Allemagne
Auteur / Autrice : | Camille Lancelevée |
Direction : | Marc Bessin, Michel Bozon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2016 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Pascale Laborier |
Examinateurs / Examinatrices : Marc Bessin, Michel Bozon, Pascale Laborier, Corinne Rostaing, Bernard E. Harcourt, Livia Velpry | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascale Laborier, Corinne Rostaing |
Mots clés
Résumé
Si l'Allemagne dispose depuis les années 1930 d'hôpitaux psycho-légaux (MaßregelvolIzug) pour les auteurs d'infractions présentant des troubles mentaux, les prisons françaises se dotent, à partir des années 1970, de services psychiatriques destinés aux personnes détenues. L'entrée de professionnel-le-s en santé mentale dans les établissements pénitentiaires pose la question de l'hybridation du soin et de la peine dans un objectif de défense sociale. A partir des terrains ethnographiques réalisés dans deux prisons française et allemande, la thèse étudie les modalités d'articulation des pratiques soignantes et pénitentiaires : si la prison de Tourion se présente comme une institution fragmentée, dans laquelle les services de soin psychiatrique se tiennent en marge du traitement pénitentiaire, la prison de Grùnstadt est le lieu d'une coopération renforcée des personnels soignants et pénitentiaires. Dans les deux pays cependant, la présence de ces professionnel-le-s engendre des effets ambivalents : tout en produisant de l'attention pour la souffrance psychique des personnes détenues, elle participe à légitimer le projet d'une peine thérapeutique, à perpétuité pour les plus « dangereux ». Cette thèse illustre les transformations d'une institution devenue « asile », tout à la fois un lieu dans lequel s'entrelacent la peine et le soin dans des agencements insolites, mais également l'un des derniers lieux d'accueil de certaines formes de folie. Au-delà, cette thèse contribue à l'analyse des liens entre transformations institutionnelles et évolutions des mondes professionnels.