Des vertus antalgiques du discours ? : L'expression de la douleur et de l'attachement dans les discours sur la maternité
Auteur / Autrice : | Catherine Ruchon |
Direction : | Marie-Anne Paveau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Soutenance le 26/06/2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Sorbonne Paris Nord (Bobigny, Villetaneuse, Seine-Saint-Denis ; 1970-....) |
Jury : | Président / Présidente : Francine Mazière |
Examinateurs / Examinatrices : Maryse Dumoulin, Dominique Maingueneau, Sophie Moirand, François Perea |
Mots clés
Résumé
Cette thèse a pour objet l’expression de la douleur dans les discours sur les maternités dites « à problème » (fausses couches, décès fœtal, mort subite du nourrisson, maladie in utero, handicap, infertilité, adoption, etc.). L’analyse s’appuie sur un corpus composé des énoncés de 450 sépultures d’enfants essentiellement du XXe siècle et du XXIe siècle recueillis en France, et d’un certain nombre de publications françaises des années 1990 à 2013, à savoir le livre de mémoire des cérémonies organisées par le crématorium du Père Lachaise de l’année 2010, les livrets de trois associations de parents, une vingtaine d’ouvrages de parents dolents et des extraits de forums de discussion sur l’infertilité et le deuil d’enfant. L’étude de ce corpus sensible, touchant notamment à la mort et au deuil d’enfant, a révélé de nombreuses stratégies discursives au travers de plusieurs catégories d’analyse, à la fois lexicales, syntaxiques, stylistiques et textuelles. Au moyen du discours rapporté, de métadiscours relevant d’une linguistique populaire, de la stéréotypie langagière, de la métaphore, de la pseudonymie, de structures préformées de discours, de la troncation ou encore de la néologie, les agents énonciatifs parviennent à dire leur souffrance dans un contexte imprégné de la doxa de l’acceptation, à resignifier les discours blessants, à supporter l’absence ou à reculer le moment de la séparation. Ces éléments soulignent le rôle actif et créatif des énonciateurs considérés ici comme des produsers, c’est-à-dire comme étant à la fois utilisateurs et producteurs de formes langagières. Les résultats permettent d’invalider le stéréotype d’un indicible de la douleur liée à la mort d’enfant et d’étayer l’hypothèse des vertus antalgiques du discours.