La grossesse suivant une interruption médicale de grossesse : quelles traces du deuil prénatal dans le lien à l'enfant suivant ? : de la préoccupation maternelle mélancolique à la préoccupation maternelle primaire
Auteur / Autrice : | Diane Warnier de Wailly |
Direction : | Sylvain Missonnier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 19/10/2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Paris ; 1996-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Psychologie Clinique- Psychopathologie- Psychanalyse / PCPP |
établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019) | |
Jury : | Président / Présidente : Bernard Golse |
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Missonnier, Bernard Golse, Régine Scelles, Denis Mellier, Yves Ville, Claire Squires, Alain de Broca, Bérengère Beauquier-Maccotta, Marie-José Soubieux | |
Rapporteur / Rapporteuse : Régine Scelles, Denis Mellier |
Mots clés
Résumé
L'objet de ce travail est d'analyser l'évolution du processus de deuil lors d'une grossesse suivant une interruption médicale de grossesse (IMG). 8461 enfants sont nés sans vie en France en 2012 et 59 à 86% des femmes démarre,t une nouvelle grossesse dans les 6 mois suivant la perte; le deuil périnatal constitue un problème de santé publique puisque 25% évoluent vers un deuil pathologique. Le statut de l'objet perdu et la représentation que s'en font les mères participent du destin de ce foetus perdu; l'évolution des pratiques favorisant l'humanisation du foetus et l'objectalisation de ce dernier est critiquée par certains auteurs. Nous relevons un maque de consensus dans la littérature sur l'impact de cette nouvelle grossesse sur le processus de deuil; selon certains, elle pourrait interrompre le travail de deuil, pour d'autres au contraire favoriser une reprise élaborative. Ces grossesses suivantes, teintées du deuil, semblent représenter un facteur de risque dans l'attachement prénatal avec des conséquences sur le lien à l'enfant puîné. Nous interrogeons donc la relation entre le processus de deuil périnatal et le processus d'investissement de l'enfant à venir lors d'une grossesse suivante. Méthodologie utilisée: suivi longitudinal de 7 femmes enceintes lors d'une grossesse suivant une IMG après 15 SA, aux 3 trimestres de la grossesse et aux 3 mois de l'enfant suivant, selon une analyse qualitative au moyen d'entretiens de recherche clinique et une analyse quantitative de la dépression (EPDS), anxiété (STAI), deuil périnatal (PGS) et attachement prénatal (PAI) au moyen d'autoquestionnaires. Les résultats qualitatifs, traités de façon singulière selon une analyse psychodynamique, sont regroupés ensuite en fonction de nos hypothèses. Les résultats quantitatifs sont intégrés dans un corpus plus large pour permettre une analyse statistique des données. Résultats: entre le normal et le pathologique, les affects, les émotions, les représentations oscillent sur ce continuum, au fil de la grossesse, des termes et dates anniversaires, des manifestations sensorielles éprouvées. La grossesse suivante permet de revisiter la grossesse précédente; elle donne l'opportunité aux mères endeuillées de mettre en mots les affects brutes consécutifs à la perte, de mettre du sens pour inscrire cet événement traumatique dans l'histoire individuelle, conjugale et familiale. Certaines patientes, pour qui le travail de deuil pouvait sembler figé, ont pu mettre la transparence psychique de cette nouvelle grossesse à profit pour ré-élaborer la perte précédente et donner une juste place à chacun des deux bébés. L'actualisation du processus de deuil lors de la grossesse suivante sera fonction de la structure psychique des patientes; la dépression et l'angoisse sont également des marqueurs de l'élaboration de la perte et de la place faite à l'enfant puîné. L'analyse quantitative des données statistiques montre la présence d'anxiété particulièrement au début de la grossesse suivante.