Les facteurs de la politique étrangère du Vietnam (1989-2010)
Auteur / Autrice : | Thi Hang Le |
Direction : | Michel Louis Martin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences politiques |
Date : | Soutenance le 16/07/2015 |
Etablissement(s) : | Toulouse 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit et Science Politique (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Groupe de Recherche sur la Sécurité et la Gouvernance (Toulouse) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Ce travail de recherche s’attache à décrire les changements de la politique étrangère du Vietnam après le Renouveau (Doi Moi) par une analyse détaillée des facteurs internes et externes qui ont influencé ses relations extérieures. Lors de son VIe Congrès en 1986, le Parti communiste du Vietnam a adopté la politique de Renouveau qui met l’accent sur la réforme économique. La politique de Renouveau a été réaffirmée par le Parti communiste lors de ses Congrès ultérieurs. Au début du XXe siècle, le Vietnam était encore un pays colonial semi-féodal. Malgré de nombreux soulèvements nationalistes (dont le mouvement du Parti nationaliste du Vietnam et l’insurrection de Yen Bai au début de l’année 1930), les Français maintiennent leur contrôle sur le territoire vietnamien. Les nationalistes vietnamiens modérés, tels que Phan Boi Chau ou Phan Chu Trinh, tentent d'obtenir une autonomie accrue par le biais de la négociation, mais ne rencontrent guère plus de succès. L’apparition de Nguyen Ai Quoc (qui prendra plus tard le nom de Ho Chi Minh) a changé le destin du pays. Quelques mois plus tard, en 1945, la reddition japonaise permet au Vietminh, le front nationaliste dirigé par le Parti communiste de Ho Chi Minh, de prendre le pouvoir lors de la révolution d'Août. Après la seconde guerre mondiale, le Vietnam retrouve sa place sur l’échiquier des grandes puissances. Le pays demeure cependant provisoirement divisé en deux États ennemis, à savoir la République démocratique du Vietnam au Nord (Viet Nam Dan chu Cong hoa) qui bénéficie du soutien de l’URSS, et la République du Vietnam au Sud (Viet Nam Cong hoa) sous la férule des États-Unis. Les deux territoires se font désormais face, le Vietnam devenant l'un des fronts les plus chauds de la guerre froide. La lutte fratricide pour un État-nation unifié s’est avérée particulièrement ardue pendant les trente ans de guerre civile, dans le contexte d’une guerre néocoloniale, puis d’un pays transformé en front chaud de la guerre froide. Dans la lignée de l'URSS, le Vietnam sort ravagé de la guerre et doit, avec la réunification en 1975, affronter de multiples difficultés économiques. L'invasion du Cambodge afin de renverser les Khmers rouges fin 1978 et le bref conflit contre la Chine s'ajoutent à l'isolement diplomatique du pays. Successivement ébranlé depuis la fin de l’année 1989 et jusqu'au début de l’année 1990, le système socialiste dans les pays communistes d'Europe de l'Est (y compris l’Union soviétique) commence à se fissurer, avant de connaître l’effondrement. Suite aux événements de Tiananmen, qui conduisent l’Occident à condamner le gouvernement de Pékin, la direction du Parti communiste du Vietnam commence à se préoccuper de plus en plus du risque d'effondrement du régime. Le contexte international joue un rôle capital dans la décision de Renouveau prise par le PCV. L’isolement de la communauté internationale a contraint le Vietnam à retirer son armée du Cambodge en 1989. Cet événement important a ouvert une nouvelle page pour la diplomatie vietnamienne. Ses relations extérieures se voient progressivement établies ou rétablies. La politique étrangère du Vietnam a aujourd’hui pour objectif d’accompagner le développement économique du pays tout en assurant sa sécurité. Celle-ci obéit au mot d’ordre d’« intégration internationale active », dans le sillage direct de la ligne d’ouverture de 1991: réconciliation avec les pays voisins et avec les États-Unis, rapprochement avec les organisations régionales et internationales (entrée du Vietnam dans l’ASEAN (1995), l’ASEM (1996), retour au sein de la Francophonie (sommet de Hanoi en 1997), entrée à l’APEC (1998) et à l’OMC (2007). On peut voir ici, à travers l’analyse des relations extérieures du Vietnam entre 1989 et 2010, combien la politique étrangère a déterminé le développement économique et social ainsi que le rôle de la République socialiste du Vietnam sur la scène internationale.