Cuisine, écriture et savoir : transmissions et renaissance de la cuisine médiévale anglaise (XIe-XVe siècles)
Auteur / Autrice : | Dino Meloni |
Direction : | Leo Martin Carruthers |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire médiévale |
Date : | Soutenance le 11/12/2015 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre d'études médiévales anglaises (Paris ; 1972-....) |
Jury : | Président / Présidente : Claire Charlot |
Examinateurs / Examinatrices : Anne Brunon-Ernst, Martine Yvernault |
Résumé
La renaissance du XIIe siècle, est caractérisée en Angleterre par l'hégémonie de la dynastie des Plantagenêts ainsi que par un épanouissement intellectuel. Aucune étude n'a pourtant évoqué la thèse d'une renaissance culinaire. Cet essai consiste donc à mettre en lumière les rapports de connexité entre pouvoir, savoir et cuisine et de démontrer que le mécanisme de la translatio imperii et studiorum entraîne dans sa dynamique une translatio coquinæ. Si un système complexe de gouvernance encourage l'essor d'une cuisine d'élite, la gastronomie est elle-même un attribut du pouvoir anglo-normand. Au XIIe siècle, l'engouement pour la culture et le savoir gréco-arabe établit un lien culinaire avec l'Antiquité et accentue la rupture avec le passé anglo-saxon. Ce mouvement de reprise d'un passé glorieux, réadaptée et améliorée fait écho dans la notion de « renaissance ». La valorisation de l'écrit en tant que réceptacle du savoir est tout aussi fondamentale. À partir du XIIe siècle, les premières recettes, héritées de la tradition gréco-arabe, révèlent un nouveau rapport entre écriture et cuisine. En déconsidérant la culture orale et la mémoire, jugées faillibles, cette renaissance établit puis lègue la croyance en un progrès gastronomique civilisateur généré par le livre de cuisine. Par opposition, l'absence de recettes implique une cuisine moins sophistiquée et une société moins civilisée. En opérant d'une dynamique commune à la translatio imperii et studiorum, la translatio coquinae compose un mytho-moteur et transmet un mythe gastronomique qui constitue aujourd'hui l'un des fondements du patrimoine culinaire occidental et l'un des dogmes de la méthodologie historiographique.