Figures et fonctions "du" spectateur dans l'œuvre de Samuel Beckett
Auteur / Autrice : | Eri Miyawaki |
Direction : | Denis Guénoun |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation française |
Date : | Soutenance le 23/06/2015 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (1998-....) |
Jury : | Président / Présidente : Gérard Dessons |
Examinateurs / Examinatrices : Mary Bryden, Dominique Rabaté |
Mots clés
Résumé
L’œuvre de Samuel Beckett (1906-1989) est traversée de diverses figures du spectateur. Le terme de spectateur désigne le regardeur et le témoin oculaire d’un événement, et s’emploie souvent depuis l’Antiquité, avec une connotation négative soulignant la passivité. Penser « le » spectateur ne vise pas directement les spectateurs effectifs : c’est une manière de reconsidérer cette entité perceptive au niveau de l’idée. « Le » spectateur interroge sur la corrélation entre la position passive et la perceptivité. L’étude ici présentée, au travers de ce spectateur idéal, cherche à mettre au jour la manière dont il soutient, par sa force négative et perceptive, la créativité de Beckett. Il est indéniable que la philosophie rationaliste du XVIIe siècle, notamment celle d’Arnold Geulincx (1624-1669) influe sur la genèse des figures du spectateur beckettiennes. Elles apparaissent d’abord dans le roman, évoluent ensuite dans le théâtre et l’art audiovisuel, et finissent par engendrer les proses poétiques ultérieures pleines d’imagination perceptive. Tout en déjouant adroitement l’intention du philosophe, Beckett reconstitue l’ordre de l’univers fictif selon l’irrationnel, et ce geste donne naissance à une nouvelle forme d’écriture qui se libère des présupposés philosophiques et des conventions littéraires. Chez Beckett, la passivité n’est pas le contraire de l’activité ou la négation de l’acte, mais elle est la capacité à sentir et à percevoir les choses, de façon tout à fait originale et productive. Par leur passivité même, les figures du spectateur beckettiennes agissent sur le contenu, voire la forme même de l’œuvre.