Thèse soutenue

Pierre Loti, le temps à l'œuvre
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Auteur / Autrice : Gaultier Roux
Direction : Sophie Basch
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation française
Date : Soutenance le 16/06/2015
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (1998-....)
Jury : Président / Présidente : Yvan Daniel
Examinateurs / Examinatrices : Guy Ducrey, Jacques Dupont, Suzanne Lafont

Mots clés

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Résumé

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Pierre Loti est encore considéré par bien des lecteurs comme désuet, voire complètement démodé. Or le démodé est en réalité une caractéristique essentielle de l’homme et de son style. Cette étude démontre que le temps est une clef de lecture fondamentale pour aborder l’œuvre de Loti et comprendre une esthétique qui trahit sa relation au monde, plus temporelle que géographique. Loti n’est rien moins qu’obsédé par le temps, par un temps qui engendre inexorablement la perte – une perte tout à fait ambivalente puisqu’elle est positive dans sa négativité, désirée comme redoutée. Le passé est rassurant parce qu’intangible. Cette recherche explore l’enfance de Loti comme souvenir rétrospectif, construction littéraire et création d’un mythe personnel. L’enfance est le paradis perdu que Loti regrettera toujours avec une profonde mélancolie, tandis que ses voyages ultérieurs formeront une recherche d’Éden, mais d’un Éden qui apparaît toujours déjà en ruine. L’essai propose aussi une analyse de l’élaboration d’une identité hétéronymique : c’est par les pouvoirs de la littérature, du transvestissement, du divertissement nocturne et des scénographies du moi que Julien Viaud devient Pierre Loti. Ce nouveau soi, concourant et non concurrent de l’autre, doit être vu comme une construction comblant les pertes de sa propre vie. De manière similaire, la mort de son frère aîné détermine sa recherche d’une mâle altérité, tant fictive que réelle, tout comme elle innerve son œuvre de nouvelles disparitions qui rejouent l’originelle. L’étude analyse également la mise en scène de l’échec dans différents romans de l’auteur, la mort des héros amenant à une démonstration de la fascination de Loti pour la mort. Enfin, l’œuvre de Loti est passée au crible de la mélancolie de son regard, de la nostalgie de son écriture et de la fadeur de son style, dans le but de révéler l’ampleur de sa prédilection pour le passé, toujours préféré au présent ou à l’avenir. Et cela parce que le passé, même chimérique, est le seul refuge contre la vanité de l’existence.