Thèse soutenue

Le "Sacré noir" chez Georges Bataille et Hubert Aquin

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Auteur / Autrice : Candy Hoffmann
Direction : Jean-François LouetteGilles Dupuis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation française
Date : Soutenance le 16/02/2015
Etablissement(s) : Paris 4 en cotutelle avec Université de Montréal (1978-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : Terry Cochran
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Ernst, Krzysztof Jarosz

Résumé

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Des affinités rapprochent l’oeuvre d’Hubert Aquin et celle de Georges Bataille. Ces deux auteurs explorent une voie mystique présentant de fortes similitudes, apparentée à ce que Roger Caillois appelle le « sacré gauche », c’est-à-dire le sacré impur, maléfique, dont l’accès serait donné selon Georges Bataille par la transgression, et qui correspondrait, pour reprendre l’expression bataillienne, au « moment privilégié d’unité communielle ». L’objectif de l’auteur français est de dégager l’expérience mystique de ses antécédents religieux et de rendre le phénomène de l’extase accessible à tous. La sortie de soi est rendue possible par la communication, qui implique la rupture de son intégrité et de celle d’autrui. Bien que provenant d’un horizon culturel différent, Hubert Aquin théorise également et met en scène dans et par le récit une certaine forme d’« extrême du possible » qui s’avère très proche de « l’impossible » bataillien. Cette thèse se propose de montrer en quoi les théories de « l’expérience intérieure » et de l’érotisme de Bataille éclairent tant les essais que le Journal, les romans, récits et nouvelles d’Aquin, nous amenant par la même occasion à définir les particularités de la voie mystique empruntée par l’auteur québécois, et aussi, plus généralement et plus fondamentalement, de souligner deux façons différentes d’appréhender et de vivre le refus de la transcendance : l’une, celle de Georges Bataille, qui consiste à embrasser à corps perdu la perte de Dieu et de soi-même dans un formidable éclat de rire, et l’autre, celle d’Hubert Aquin, qui réside dans le tiraillement incessant et douloureux entre ce qui éloigne du Christ et ce qui rapproche de Lui. Le premier chapitre de la thèse est théorique ; il est consacré aux trois concepts qui régissent l’ensemble de notre analyse : le mysticisme, le sacré et l’érotisme. C’est ensuite la singularité de la nouvelle théologie mystique que propose Georges Bataille dans ses textes théoriques par rapport à l’expérience mystique traditionnelle qui fait l’objet du deuxième chapitre. Le troisième et dernier chapitre met en valeur la spécificité de l’expérience de l’auteur québécois : comment Hubert Aquin conçoit-t-il et représente-t-il « l’extrême du possible » dans l’ensemble de son oeuvre ? C’est à cette question que nous tâchons de répondre.