Thèse soutenue

L'héritage transgénérationnel à l'épreuve du vieillissement : a propos des descendants des survivants du génocide arménien
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Auteur / Autrice : Marie Feuillet
Direction : Bernard Chouvier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 19/12/2015
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique (Bron, Rhône ; 1993-...)
Jury : Président / Présidente : Jean-Marc Talpin
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Chouvier, Christiane Joubert, Benoît Verdon, Régine Waintrater

Mots clés

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Résumé

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Pour les descendants des survivants du génocide arménien de 1915, les traumatismes actuels, liés à la confrontation aux épreuves du vieillissement et à l’hospitalisation, ont un effet attracteur des traumatismes transgénérationnels. Ces traumatismes génocidaires non subjectivés, transmis au travers des générations, tentent de prendre forme et sens, trouvant dans le présent du vieillissement une « correspondance hallucinatoire » (après-coup). Ces patients ont en commun d’avoir vécu une accumulation de traumas au cours de leurs vies : le deuil, la dépendance, la passivation, la crainte de mourir, rencontrés aujourd’hui, ont déjà fait partie de leur histoire individuelle et ont déjà induit dans le passé d’autres après-coups des traumatismes transgénérationnels. À l’heure du vieillissement, dans la psyché du patient, on assiste à un processus de « feuilletage traumatique », où les différents temps traumatiques présents, passés et transgénérationnels, résonnent et s’intriquent. Les entretiens cliniques sont l’occasion pour ces sujets de retrouver et de partager les mythes familiaux dont ils sont porteurs : en appui sur cet héritage mythique, ce feuilletage peut se « dé-collapser », la psyché réussissant alors à s’approprier l’expérience traumatique qui s’inscrit dans une histoire. Du feuilletage traumatique, d’abord inerte, peuvent advenir des remaniements psychiques remobilisés par la fonction transformatrice du mythe. Dans d’autres cas, les mythes familiaux ont, dans la psyché, une fonction davantage protectrice que transformatrice et le travail thérapeutique consiste à ranimer ce mythe figé, pour le réinscrire dans un mouvement dynamique. Ailleurs, on assiste aux efforts du sujet pour créer un mythe, à défaut de pouvoir en retrouver dans la mémoire. Les transferts parentaux et filiaux permettent de remettre au travail et de relancer, dans la relation thérapeutique, la transmission entre les générations. Les patients peuvent ainsi redonner vie, retrouver du sens à leur fin de vie et continuer à s’inscrire dans une « co-transmission » avec leur descendance.