Thèse soutenue

Le crime pour survivre aux hallucinations sensorielles : déploiement de l'hallucinatoire dans un groupe à médiation "corps et peinture" en milieu carcéral

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Auteur / Autrice : Emeline Garnier
Direction : Anne Brun
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 10/12/2015
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique (Bron, Rhône ; 1993-...)
Jury : Président / Présidente : René Roussillon
Examinateurs / Examinatrices : Anne Brun, Bruno Gravier, Florian Houssier, Guy Lavallée, Magali Ravit

Résumé

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Cette thèse propose de discuter la conception du crime comme un acte de survie face à la résurgence d’hallucinations sensorielles. Les sujets criminels témoignent du sentiment d’être dépossédés de leur corps, de ne plus contrôler leurs actes, décrivent des vécus de pénétration, d’explosion, de mutilation, de démantèlement : une menace terrifiante s’incarne par la dégénérescence de la sensorialité. L’hallucination ne parvient pas ici à se formaliser et emprunte directement la voie du corps. Le sujet a alors recours à l’acte pour externaliser ces vécus sensoriels persécuteurs, enkystés dans un morceau de corps, et pour tenter de trouver une amorce de symbolisation primaire. Au cours de la prise en charge individuelle ou groupale de ces patients, il s’agit donc d’écouter les manifestations hallucinatoires qui tendent à se loger dans leurs corps, pour qu’adviennent leurs mises en sens, au sein des enjeux transféro-contre-transférentiels. La thèse analyse ainsi l’aménagement d’un dispositif thérapeutique, créé pour permettre une appropriation subjective des terreurs qui ont contraint ces sujets à se placer comme hors de la scène du crime. Dans le cadre d’une pratique thérapeutique en centre de détention, un groupe à médiation corporelle et picturale est proposé aux patients incarcérés, afin de privilégier l’expression du langage sensori-moteur. La médiation corporelle fonctionne comme un attracteur des vécus catastrophiques sous-jacents aux hallucinations sensorielles, et leur partage sensori-affectivo-moteur permet l’apparition d’une scène psychique groupale. Par la mise en mouvement du corps du sujet en groupe, la sensori-motricité se trouve réunifiée aux autres modalités sensorielles. La médiation picturale s’offre alors comme un écran du rêve sur lequel sont projetés, puis représentés, les éprouvés corporels du sujet en groupe, et potentialise ainsi le déploiement de l’hallucinatoire onirique.