La nécessité biblique : de l'Esprit géométrique aux Pensées de Pascal
Auteur / Autrice : | Hubert Aupetit |
Direction : | Laurent Thirouin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langues et litteratures francaises |
Date : | Soutenance le 28/11/2015 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Institut d'histoire de la pensée classique (Saint-Étienne ; 1990-2015) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Sellier |
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Thirouin, Dominique Descotes, Denis Moreau, Laurent Lafforgue |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
À partir d'une étude philologique attentive de l'Esprit géométrique, je montre l'évolution épistémologique de Pascal qui, découvrant la corruption naturelle d'un langage humain impuissant à assurer ses propres fondements, quitte ses positions cartésiennes. Par contrecoup, la prétention de la raison à formuler des principes universels est anéantie : toute connaissance rationnelle se fonde sur un socle autoritaire. Je souligne alors l'importance actuelle de l'œuvre mathématique pascalienne par sa mise en perspective dans la crise moderne des fondements. En lui appliquant les méthodes de la poétique aristotélicienne, je la caractérise par sa sensibilité figurative, qui s'étend à l'œuvre non scientifique et en révèle l'unité esthétique. Je montre ensuite l'originalité philosophique de Pascal qui sort du scepticisme en recherchant de nouveaux usages de la langue propres à communiquer la certitude. Je reprends le débat sur le chantier des Pensées pour en distinguer les éditions objectives, qui restituent le seul classement dont nous disposons effectivement, des éditions apologétiques qui le recomposent à partir de certaines des indications laissées par l'auteur. La grande originalité des Pensées classées est de proposer une recherche du bonheur sans a priori religieux. Elles établissent les contrariétés de la condition humaine, que philosophies et sciences humaines sont impuissantes à décrire ou résoudre car elles refusent, par principe, la contradiction. L'Écriture chrétienne entre alors en scène pour présenter le seul langage capable de faire aboutir la recherche, parce qu'acceptant et faisant signifier la contradiction. La double nouveauté est ici d'introduire la Bible dans le champ de l'existence par nécessité, et comme un simple livre, dont il s'agit de décrire le pouvoir cognitif. Structuré par la narration et par la figure (typologique), ce modèle biblique élargit la connaissance rationnelle et son référentiel spatio-temporel restreint. Il ouvre ainsi à son lecteur un horizon d'existence et lui montre un chemin pour réparer ses ses contrariétés. On voit là chez Pascal un profond renouveau de la pensée figurative et de l'approche littéraire de la Bible.