Thèse soutenue

"Ce qui fait symptôme..." Contribution au renouvellement de l'analyse du théâtre

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Auteur / Autrice : Adeline Thulard
Direction : Mireille Losco-LenaMaddalena Mazzocut-Mis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres et Arts
Date : Soutenance le 12/11/2015
Etablissement(s) : Lyon 2 en cotutelle avec Università degli studi (Milan, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Passages XX-XXI (Lyon ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Arnaud Rykner
Examinateurs / Examinatrices : Mireille Losco-Lena, Maddalena Mazzocut-Mis
Rapporteurs / Rapporteuses : Lorenzo Mango, Claudia Palazzolo

Résumé

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À travers l’analyse d’œuvres de Tadeusz Kantor, Pina Bausch, Jan Lauwers, Pippo Delbono et Emma Dante, cette étude propose une ouverture des outils traditionnels des études théâtrales aux concepts de la psychanalyse et aux méthodes des études visuelles pour rendre compte de l’expérience émotionnelle intense que les créations de ces artistes induisent. La notion de symptôme, théorisée par Freud et reprise dans le champ de l’histoire de l’art par Georges Didi-Huberman, permet de dépasser une vision de la scène comme « système de signes » « à lire » – sous l’influence de la sémiologie et du structuralisme – et de penser au contraire ce qui, dans les images proposées, ne se laisse pas saisir immédiatement. Après avoir montré les limites des outils dramaturgiques, il est possible de mettre en évidence les moments d’irruption du geste-symptôme dans les œuvres, en adoptant une attitude plus phénoménologique. Le paradigme du rêve, comme modèle analogique d’une organisation-désorganisation, peut nous permettre de comprendre l’agencement des éléments scéniques. Ce qui touche le spectateur ne se situe plus au niveau de la représentation, mise en branle par la présence du symptôme, mais sous celle-ci et entre les éléments. Le rapport au réel qui s’instaure pour le spectateur relève alors plus de l’imaginable que d’une forme de mimèsis : les images ouvrent le regard et modifient la position du spectateur touché corporellement et émotionnellement. Le sujet théâtral diffracté porté par le corps de l’acteur amène le spectateur à faire l’épreuve de l’Autre en scène. Les œuvres à l’étude proposent ainsi une expérience de subjectivation et de symbolisation qui réactive les processus de la construction psychique de l’individu mise en crise dans la société contemporaine. Dans le corps-à-corps qui s’installe entre la scène et la salle, c’est à sa position de sujet face aux autres, à lui-même et au monde, que le spectateur accède.