L'influence et représentations de la France au Venezuela : les enjeux autour des relations politiques et culturelles de 1870 à nos jours
Auteur / Autrice : | Maria Uzcategui Moncada |
Direction : | Laurent Douzou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 23/09/2015 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 en cotutelle avec Universidad de los Andes (Bogotá) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....) |
Jury : | Président / Présidente : Luc Capdevila |
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Douzou, Castro Aguilar, Olivier Compagnon |
Mots clés
Résumé
À la différence d’autres régions du tiers monde où l’influence de la France a été déterminante et ininterrompue (Moyen-Orient, Maghreb, les anciennes colonies françaises en Afrique centrale ou encore d'autres pays de l’Amérique latine), au Venezuela, il n’y a eu de véritable politique étrangère de coopération culturelle qu’à la fin des années 1950. L'avènement du boom pétrolier pendant l'entre deux guerres a fait décliner l'influence française. À la fin de la Seconde guerre, les diplomates français prennent conscience du potentiel énergétique du Venezuela, observant qu’il est possible de remédier la perte de l’influence économique en encourageant une véritable coopération culturelle. Cette coopération culturelle va utiliser les réseaux politiques intégrés par des élites francophiles, lesquelles revendiquent une histoire commune à la France et au Venezuela. L'étude sur la longue durée permet d'observer les permanences de l'histoire politique vénézuélienne, dans lesquelles s'insèrent les éléments qui ont servi à la construction du sentiment national vénézuélien et les influences des idées françaises sur le projet de modernisation de l’État. Notre étude soulève des questions telles que l'émigration, les échanges et les relations commerciales. Nous nous sommes particulièrement intéressés à l’étude des correspondances diplomatiques car la lecture minutieuse de celles-ci permet de soulever, en filigrane, bon nombre d’éléments liés aux représentations et à l’histoire politique des deux pays. De même, elle permet d’approcher ce que les élites considèrent comme identité et affinité culturelle. Nos sources se rapportent donc, pour la plupart aux correspondances diplomatiques conservées aux archives de La Courneuve et au Ministère des Relations Extérieures à Caracas. Nous les avons croisées avec d’autres sources documentaires, visuelles et littéraires ainsi qu’avec un certain nombre d’entretiens réalisés entre la fin de l’année 2010 et le début de 2011. Notre étude s’inspire des travaux de Pierre Renouvin et Jean Baptiste Duroselle en histoire des relations internationales, revisités par Robert Frank en 2011. Nous prenons en considération le poids des images, de la culture officielle et du rayonnement des modèles culturels, dans le but de tenter de mesurer « la puissance » des États (soft power). En ce sens, la valeur que les élites vénézuéliennes donnent au rayonnement culturel et scientifique français, au XIXe et au début du XXe siècle (1870-1935), permet d’expliquer en partie pourquoi la France a réussi à renforcer sa présence au Venezuela. En effet, le déclin de l'influence culturelle française, à une époque où les relations entre les deux pays s’étaient considérablement distendues (1936-1960), est concomitant à la perte de son influence économique et commerciale. Cette évolution a donné lieu à l'institutionnalisation progressive de la stratégie de la diplomatie culturelle (1961 à nos jours). Grâce à cette stratégie la France a récupérée le terrain qu'elle avait perdu devant la concurrence commerciale anglo-saxonne. Nous avons souhaité répondre à deux questions fondamentales : dans quelle mesure les élites vénézuéliennes, « influencées » par le modèle culturel français, ont réussi à opérer des appropriations/assimilations/adaptations de ce modèle au Venezuela ? Et, en contrepartie, dans quelle mesure la construction d’un « outil culturel » franco-vénézuélien a servi les intérêts de la politique étrangère française au Venezuela ?