La douleur, un affect du traumatique : étude des processus algiques, antalgiques et transférentiels dans la clinique des pathologies douloureuses de l'appareil locomoteur
Auteur / Autrice : | Bernard Duplan |
Direction : | René Roussillon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 22/09/2015 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Éducation, psychologie, information et communication (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique (Bron, Rhône ; 1993-...) |
Jury : | Président / Présidente : Anne Brun |
Examinateurs / Examinatrices : René Roussillon, François Mauguière | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne Aubert-Godard, Anne-Françoise Allaz |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La recherche relatée dans cette thèse est centrée sur la douleur, et spécifiquement la douleur chronique, en tant qu’affectation. Exprimée avec peine ou confusion par des patients souffrant de leur appareil locomoteur et pénalisés dans leur locomotion, il apparaît qu’elle inclut toujours leur vie relationnelle et leur intimité. Après une exploration du phénomène douleur à la lumière des sciences humaines, qui mettent en évidence sa dépendance aux représentations et aux croyances, puis avec l’éclairage des sciences de la vie, et en particulier des neurosciences, une attention spéciale est portée à la connaissance du sujet douloureux, rendue possible par la pratique psychanalytique. Sigmund Freud, depuis ses découvertes de neurologue sur la douleur et jusqu’à ses derniers écrits qui reflètent sa propre expérience, est pris pour guide, avant que ne soient examinées les positions de ses disciples qui ont prolongé son enseignement, les « psychosomaticiens » notamment. Dans le contexte d’une consultation et d’un service hospitalier dédiés à la douleur, par l’écoute de cinq patients reçus pour un premier entretien et deux suivis sur une durée dépassant dix ans, la connaissance de l’affect est rendue possible par son « partage ». D’abord reconnu à des traits posturaux, comportementaux, langagiers, et naturellement dans les dires de ces patients, l’affect douleur s’expérimente dans la relation transféro-contretransférentielle qui s’établit. Celle-ci existe tout autant dans le tête-à-tête des consultations de la douleur que lors des hospitalisations, dans la relation que le patient établit avec le dispositif de soins qui l’accueille, dans le cadre considéré à la fois comme institution, comme équipe de personnes compétentes et dans une temporalité propre au patient. Personnels infirmiers, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, techniciens thermaux vivent en continu avec les patients cette circularité relationnelle, à laquelle il faut veiller soigneusement. Il ressort de cette recherche que la douleur ne peut pas être considérée uniquement comme un symptôme à valeur déficitaire. Elle apparaît à la fois comme une sensorialité protectrice, suscitant le lien, avec des difficultés d’autant plus grandes qu’il existe une problématique narcissique identitaire sous-jacente. Le traumatisme repéré comme point initial de la douleur, apparaît généralement comme une réplique de faits antérieurs refoulés ou déniés. La douleur apparaît aussi comme une tentative de symbolisation d’un affect sensoriel dont le brin somatique est prédominant. L’enjeu des soins étant de favoriser la recomposition de cet affect par des soins symbolisants.