Thèse soutenue

Facteurs psychosociaux et nutritionnels des troubles cognitifs en Afrique Centrale

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Sophie Pilleron
Direction : Jean-Pierre ClémentMaëlenn Guerchet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé Publique / Epidémiologie
Date : Soutenance le 24/10/2014
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences pour l'environnement Gay Lussac (La Rochelle ; 2009-2018)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Epidémiologie des Maladies Chroniques en zone Tropicale
Jury : Président / Présidente : Emiliano Albanese
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Clément, Maëlenn Guerchet, Jean-Claude Desport
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Camus, Claudine Berr

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Le vieillissement de la population mondiale s’accompagne de l’augmentation de la prévalence d’un certain nombre de maladies chroniques incluant la démence. Si les études épidémiologiques sur les troubles cognitifs ont été et sont encore majoritairement menées dans les pays occidentaux, peu d’entre elles sont conduites dans les pays à faible et moyen revenus, comme les pays africains, qui ne sont pourtant pas épargnés par le phénomène. Le programme EPIDEMCA, Épidémiologie des Démences en Afrique Centrale, a pour objectif principal de contribuer à une meilleure connaissance de la démence et particulièrement de la maladie d’Alzheimer en zones rurale et urbaine de deux pays d’Afrique Centrale : la République Centrafricaine (RCA) et la République du Congo (Congo). Mon travail de thèse, s’inscrivant dans le cadre de ce programme, a pour objectif général de contribuer à une meilleure connaissance des troubles cognitifs (Mild Cognitive Impairment (MCI) et démence) par l’étude du lien entre les troubles cognitifs et les facteurs psychosociaux (événement de vie stressants et trouble de la personnalité dépendante) d’une part, et nutritionnels (dénutrition et consommation alimentaire) d’autre part. Le programme EPIDEMCA est une enquête épidémiologique transversale multicentrique en population générale âgée de 65 ans et plus menée en deux phases dans une zone rurale et une zone urbaine de RCA et du Congo entre 2011 et 2012. Les diagnostics de démence et de MCI étaient posés respectivement selon les critères du DSM-IV et de Petersen. Sur 2 002 sujets ayant accepté de participer à l’enquête, le statut cognitif et l’âge étaient disponibles pour 1 772 dont 1519 étaient indemnes de troubles cognitifs, 118 étaient atteints de MCI et 135 de démence. Concernant les facteurs psychosociaux, les résultats de notre première étude ont montré que le MCI était positivement associé au nombre total d’événements vécus sur la vie entière uniquement au Congo alors qu’il l’était au nombre total d’événements survenus à partir de l’âge de 65 ans et à une maladie physique grave chez un enfant après l’âge de 65 ans dans l’échantillon total. En revanche, la démence n’était associée ni à l’accumulation d’événements de vie, ni aux événements pris séparément. Les résultats de notre deuxième étude ont montré que le MCI était associé au trouble de la personnalité dépendante au Congo comme en RCA, alors que la démence ne l’était seulement au Congo.Du côté nutritionnel, notre troisième étude a montré une association significative entre la démence (mais pas le MCI) et les trois indicateurs de dénutrition utilisés (IMC inférieur à 18,5 kg/m2, périmètre brachial inférieur à 24 cm et circonférence musculaire brachiale (CMB) inférieure au 5ème percentile d’une population de référence) en RCA. Au Congo, le MCI était associé seulement à la CMB inférieure au 5ème percentile alors que la démence ne l’était à aucun indicateur. Notre quatrième étude a, quant à elle, trouvé qu’en RCA, les troubles cognitifs étaient associés à une consommation modérée d’alcool dans l’échantillon total ainsi qu’à une faible consommation d’oléagineux en zone rurale. Au Congo, en revanche, ils n’étaient associés à aucun groupe d’aliments ni même à la consommation d’alcool. Les travaux de cette thèse ont permis de contribuer à l’amélioration des connaissances sur l’épidémiologie des troubles cognitifs en Afrique centrale. Il n’en demeure pas moins que nos résultats ne sont qu’exploratoires et devront être confirmés par des études ultérieures, nécessaires préalables à la planification d’actions pertinentes et ciblées susceptibles de réduire le risque.