Thèse soutenue

Une hygiène psychique au travail ? : genèse et usages du coaching en entreprise en France

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Scarlett Salman
Direction : François Vatin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2013
Etablissement(s) : Paris 10

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse étudie, à travers le coaching en entreprise, l’essor d’une hygiène psychique au travail, entendue comme une norme d’attention accrue à la subjectivité des travailleurs et à leur comportement en public. L’enquête ethnographique, menée par observations, entretiens et questionnaires auprès de coachs, de gestionnaires des ressources humaines et de cadres coachés, permet d’analyser la genèse du coaching et ses usages. Apparu aux États-Unis dans les années 1980, le coaching est né de l’entrecroisement des savoirs entre psychosociologie et psychothérapie. Son institutionnalisation en France dans les années 1990-2000 est redevable de dispositifs publics mis en place dans un contexte de chômage, comme de l’action collective de consultants investis dans la création de ce segment. La nouvelle activité suscite des vocations auprès de consultants cherchant à étendre leurs activités et de cadres reconvertis après une rupture professionnelle, qui se font les défenseurs du « nouvel esprit du capitalisme ». Les effets de cette pratique en entreprise sont ambivalents. Elle participe d’une psychologisation des rapports de travail, qui renvoie l’explication des problèmes professionnels rencontrés par les cadres à leur personnalité et non à la nature de leur travail. Le coaching exerce ainsi une fonction « palliative ». Mais il aide aussi les cadres à surmonter les tensions professionnelles, ce qui permet de les garder mobilisés. Cette pratique est porteuse d’un paradoxe : à rebours du « nouvel esprit du capitalisme » au nom duquel il est promu, le coaching rappelle implicitement aux cadres l’importance des règles, de la planification et de l’ordre hiérarchique.