Sociologie des coups d’état en République du Congo de 1958 à 1973
Auteur / Autrice : | Jean-Clair Matondo |
Direction : | Jean-Marie Demaldent |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 08/01/2013 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-...) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Charles Szurek |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Marie Demaldent, Jean-Charles Szurek, Rémy Bazenguissa, Pierre Cours-Salies | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Rémy Bazenguissa, Pierre Cours-Salies |
Mots clés
Résumé
République du Congo, l’armée, en tant qu’ensemble de structures et de moyens militaires institutionnellement affectés à la mise en œuvre de la politique décidée par les autorités politiques pour assurer et garantir la défense nationale, est loin d’être l’auteur exclusif des coups d’Etat, même si, systématiquement, elle profite des conséquences politiques attachées à ceux-ci. En réalité, les coups d’Etat y sont la résultante d’une lutte entre plusieurs champs. Dans cette lutte, les acteurs des coups d’Etat, en fonction de leurs corpus idéologiques respectifs, mettent en place des stratégies dont la particularité n’est pas de se limiter au champ bureaucratique mais d’engager également la société appréhendée au regard de leurs groupes ethniques ou régionaux d’appartenance. Ainsi, mobilisent-ils, non seulement leurs propres capitaux (diplômes, profession), mais aussi les ressources de leurs groupes ethniques ou régionaux en vue de réaliser la conquête ou la conservation du pouvoir. Par le jeu complexe des solidarités idéologiques, ethniques ou corporatistes, les acteurs politiques tissent des alliances et, selon le cas, participent ou s’opposent à l’exécution des coups d’Etat. Sous ce rapport, les coups d’Etat, qui supposent une importante mobilisation stratégique, politique et matérielle de la part de ceux qui en forment le projet, se confondent à un mode de conquête du pouvoir assimilable formellement à l’élection, et s’inscrivent dans ce que Marcel Mauss nomme les faits sociaux totaux. Les leaders politiques appartenant aux ethnies minoritaires, ne pouvant accéder au pouvoir par voie démocratique, élaborent une stratégie de conquête de pouvoir prenant appui sur l’armée. Ainsi, détournée de sa mission traditionnelle de protection du territoire national face aux agressions extérieures, l’armée voit sa valeur opérationnelle diminuée.